mardi 5 février 2013

Mon chiot mordille... que faire ?

Une adorable petite boule de poils vient d'entrer dans votre foyer. Elle vous comble de bonheur, mais elle a aussi la fâcheuse habitude de tout prendre en bouche, voire de vous mordiller les mains durant les jeux, ou les pieds quand vous vous installez devant la télé. Et avec ses petites dents toutes pointues, votre chiot vous fait bigrement mal ! Comment réagir ?
 
Le mordillement est un comportement normal chez le chiot, qui assouvit ainsi son besoin oral et masticatoire et découvre le monde à sa manière, en goûtant et mâchonnant. Il va apprendre qu’il y a les choses « bonnes à manger », les choses « pas bonnes à manger », et les choses neutres. Malheureusement, les choses « bonnes à manger » peuvent être la belle paire de chaussures ou le nouveau canapé en cuir. La première règle, c’est par conséquent de tout ranger, de ne rien laisser de précieux à la portée de ses petits crocs... S’il ronge un objet non souhaité, on peut avoir recours au troc ou faire un bruit qui détourne momentanément son attention, l’appeler et le rediriger sur un autre objet. Dans tous les cas, il faut combler ses besoins masticatoires avec des jouets de type kong, des os, des objets à mâchonner.
 


Mâchouiller et ronger : une nécessité pour un chiot
(Photo Marie Perrin)

Un apprentissage par des règles simples
 
Le chiot doit également apprendre qu’on ne mordille pas ses maîtres, ce qui implique la mise en place de règles simples (mais strictes). Ainsi, dès que l'animal mordille, on cesse toute interaction avec lui, on soustrait ses mains (on les met dans les poches ou on croise les bras) et on l’ignore. Cela peut d'ailleurs s'anticiper : dès que le chiot devient brouillon, avant même qu’il ne se mette à mordiller, on cesse tout contact et toute interaction avec lui, le temps que son excitation retombe. Il fera de la sorte un autre apprentissage, primordial pour sa future vie d'adulte : la gestion de ses émotions. Enfin, on évite évidemment les jeux de mordillement et de tirage.
 
Si on est confronté à un coriace, qui insiste, on peut avoir recours à différentes stratégies : faire du bruit pour détourner son attention, quitter la pièce et le planter là, voire l’isoler. Dans ce cas, on choisira de préférence un endroit d’où il verra son maître et on ne le fera revenir qu’une fois qu’il sera calme. On peut également avoir recours au troc, mais en évitant que le chiot n’associe le mordillement au troc (à utiliser par conséquent avec parcimonie).
 
Certains chiots mordillent leur laisse : dans ce cas, on peut prendre le chiot très près du collier (ou au collier) et laisser tomber la laisse, ce qui va le pousser à cesser son comportement.
 
A ne surtout pas faire
 
Dans tous les cas, on déconseille de dire « non », de se fâcher, de retourner le chiot sur le dos ou de lui prendre la gueule dans la main. Selon les sujets, tout ceci peut avoir l’effet inverse, à savoir un renforcement du comportement. Cela peut aussi effrayer le chiot et, de ce fait, nuire à la qualité de sa relation avec son maître. On n'insistera jamais trop sur ce point : la violence engendre la violence. Les méthodes positives, respectueuses de l'animal, sont plus efficaces et plus pédagogiques.
 
L'avis de certains spécialistes sur la question
 
Durant ses premiers mois de vie, d'abord avec sa mère et sa fratrie, puis dans sa famille humaine et auprès des congénères qu'il côtoie, le chiot apprend également à contrôler sa mâchoire. Cet apprentissage est fondamental.
 
C'est pourquoi Joëlle CaveRivière, dans «Planète chien», conseille d’agir avec le chiot comme le faisaient la maman ou les frères et sœurs, c’est-à-dire d’émettre des sons pour que le chiot apprenne à doser la puissance de sa mâchoire. Elle note (p. 173-174) que, la peau humaine étant plus fragile que celle des chiens, il faut aider le chiot à apprendre le bon dosage et, « pour cela, laisser dans un premier temps le chien mordiller, mais dès que la morsure est sensible, faire énormément de cinéma, mimer une grande souffrance, émettre des bruits semblables aux pleurs du chien, et cesser immédiatement toute interaction avec le chien pendant 20 secondes. Interdire d’emblée tout contact des dents avec la peau ne va pas permettre au chien de gérer les situations accidentelles (jeu par exemple), où il commet une maladresse ». Elle préconise de baisser progressivement le niveau de pression acceptable, pour que le chien apprenne qu’il ne doit pas mettre les dents en contact avec la peau (avec au final abandon du jeu en cas d’entrée accidentelle des dents avec la peau).
 
Ian Dunbar, comportementaliste et vétérinaire américain, préconisait, lors d'un colloque donné à l'Ecole vétérinaire d'Alfort en 2006, de laisser les chiots mordiller jusqu'à l'âge de 4 mois. A l'apparition des canines, il conviendrait d'agir comme décrit par Joëlle CaveRivière. Toujours selon Ian Dunbar, il serait en effet bénéfique de laisser le chiot expérimenter sa mâchoire tant que celle-ci n'est pas trop puissante.
 
Et le chien adulte dans tout ça ?
 
Certains chiens adultes restent très mordilleurs. Tant que cela demeure dans les limites du raisonnable, on se contentera de combler leurs besoins oraux. En revanche, les mordillements intempestifs, ou mal contrôlés, peuvent être le symptôme de troubles plus généraux, comme un manque d'acquisition des auto-contrôles ou des difficultés à gérer émotions et frustration. Dans ce cas, le recours à un professionnel s'avèrera nécessaire.
 
Enfin, mais peut-on dans ce cas encore parler de mordillements ?, certains chiens, même adultes, prennent volontiers la main de leur maître dans la gueule lors de retrouvailles, de moments privilégiés, d'instants joyeux. Par ce prisme, on peut postuler qu’ils expriment leur affection ainsi que leur contentement. Tant que la relation maître-chien est saine, que le «mordillement» est léger et dosé, pourquoi se priver de ce contact que d'aucuns jugent aussi tendre qu’émouvant ?
 

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