lundi 23 novembre 2015

Un chien est mort…

Dans son édito du 19 novembre 2015*, un journaliste s’est insurgé contre les messages qui fleurissaient en hommage à Diesel, la chienne tombée pour la France durant l’assaut du raid à Saint-Denis. Autant de compassion pour un simple chien ? Mais où va la France, si ses citoyens osent mettre sur le même plan un animal et des êtres humains ? Elle va peut-être vers plus d’humanité justement, allez savoir…
Diesel, chienne malinoise de 7 ans, est morte le 16 décembre, tuée par des terroristes. Elle devait prendre sa retraite au printemps. L’émotion s’est aussitôt emparée de la Toile, en France et à l’étranger, à la hauteur du voile d’effroi et de douleur jeté sur le monde le soir du 13 novembre 2015. La voix dissonante de ce journaliste est venue briser le bel élan, et inciter à s’interroger.
Changer notre regard sur nous-mêmes
Car oui, pour oser mettre sur le même plan un animal et un être humain, il faut préalablement avoir pensé. Cogité. Réfléchi. Philosophé. Décortiqué notre pauvre humanité. Avoir accepté de n’être plus la mesure de toute chose, de n’être plus que des petits instants de passage dans un univers qui nous dépasse et nous dévore. Avoir accepté de ne plus nous regarder comme des déités, ou comme le nombril du monde. Effectivement, quand on n’a pas pris la peine de réfléchir à la cause animale, alors oui, l’on peut s’insurger, en toute bonne conscience et toute bonne foi. Et refuser de pleurer un chien tombé en héros comme l’on pleure un soldat tombé au front.
C’est alors que surgissent bien d’autres questions, en chaîne… Pleurer un chien oui, mais pourquoi pas un canard, un lapin, un veau, un saumon ? Pourquoi cette invisible (et si solide) barrière entre ceux que l’on choie, que l’on aime, que l’on respecte, que l’on défend, que l’on enterre, et tous les autres, les invisibles, animaux de batterie, d’abattoir, de laboratoires ? Parmi tous les internautes qui ont relayé la mort de Diesel, combien ont poussé la réflexion jusqu’à pleurer pour le morceau d’animal qu’ils allaient mettre dans leur assiette le soir ? Temps de crise oblige, ils ont peut-être même cherché la meilleure offre de supermarché avant de s’acheter leur steak ou leur tranche de jambon. Sans s’émouvoir du sort de cette pauvre bête, qui a grandi et vécu dans des conditions effroyables, parfois sans jamais voir la lumière du jour, puis a été abattue sous les coups, sous les cris, dans la peur et la souffrance aseptisées.
Aimer les uns pour exploiter les autres
Jean-Pierre Digard, dans « La Plus Belle Histoire des animaux », postule que les êtres humains des sociétés contemporaines occidentales surinvestissent leurs animaux domestiques à l’exact opposé de la manière dont ils maltraitent leurs animaux de rente. Comme les deux versants d’une même réalité, ubac et adret se rejoignant sur un point : l’outrance des deux positions. Nous aimons nos chiens et nos chats avec une passion qui, croyons-nous, nous permet de nous racheter de tout le reste : la réalité des fermes intensives, des abattoirs, de la sélection génétique, du clonage, de la maltraitance industrialisée, dans le secret du «Silence des bêtes», comme l’écrit Elisabeth de Fontenay.
Cette philosophe française, fille d’un grand résistant, a publié plusieurs ouvrages consacrés à la condition animale et aux rapports entre les humains et les animaux. Sans craindre de s’attirer les foudres, de manière aussi magistrale que magnifique, elle met ainsi en parallèle les pratiques de l’industrie agro-alimentaire (l’on pourrait ajouter pharmaceutique) et l’abjection de la Shoah. Laissons-la parler, sa prose est si belle…
Oui, les pratiques d'élevage et de mise à mort industrielles des bêtes peuvent rappeler les camps de concentration et même d'extermination, mais à une seule condition : que l'on ait préalablement reconnu un caractère de singularité à la destruction des Juifs d'Europe, ce qui donne pour tâche de transformer l'expression figée « comme des brebis à l'abattoir » en une métaphore vive. Car ce n'est pas faire preuve de manquement à l'humain que de conduire une critique de la métaphysique humaniste, subjectiviste et prédatrice. (« Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité »)
 
On sait que la grande majorité de ceux qui, descendant des trains, se retrouvaient sur les rampes des camps d'extermination ne parlait pas allemand, ne comprenait rien à ces mots qui ne leur étaient pas adressés comme une parole humaine, mais qui s'abattaient sur eux dans la rage et les hurlements. Or, subir une langue qui n'est plus faite de mots mais seulement de cris de haine et qui n'exprime rien d'autre que le pouvoir infini de la terreur, le paroxysme de l'intelligibilité meurtrière, n'est-ce-pas précisément le sort que connaissent tant et tant d'animaux ? (« Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité »)
 
T’es vegan, t’es hype !
Ces dernières années pourtant, des voix s’élèvent. De plus en plus nombreuses. Les temps changent. Naguère, être végétarien n’était pas très bien vu. Un végétarien ? C’était un empêcheur de manger en rond, un ascète qui ne se nourrissait pas par plaisir mais pour survivre, de préférence de graines germées et autres fadaises bio-sectaires. Aujourd’hui, les vegan ont le vent en poupe. T’es vegan, t’es hype !
Parallèlement, la liste des personnalités qui s’engagent aux côtés des défenseurs des animaux s’allonge. En 2013, 24 intellectuels signent ainsi un manifeste pour un changement du statut juridique des animaux. Parmi eux Boris Cyrulnik, Mathieu Ricard ou Luc Ferry. Et si l’on peut encore contester que les animaux puissent avoir des droits, l’on ne peut plus, aujourd’hui, nier une réalité : nous avons des devoirs envers eux. Plus la recherche en éthologie avance, plus l’on se rend compte des incroyables capacités de nos amies les bêtes. Altruisme chez les grands singes, conscience de la mort chez les éléphants, incroyables aptitudes sociales chez les corbeaux, dialectes de groupe chez les mammifères marins, et tant d’autres encore que l’on pourrait citer ou qui restent à découvrir…
Oui, les temps changent…
De toute façon, même sans ces découvertes scientifiques, l’humilité et la morale les plus élémentaires ne nous enjoignent-elle pas de protéger le vivant, quel qu’il soit, dans toute son altérité et dans toute sa spécificité ? Je ne suis pas une orque, je ne sais peut-être pas grand-chose de la vie intime des orques, mais il n’empêche que rien, absolument rien, ne m’autorise à la traiter comme un objet, à l’enfermer, à l’exhiber, à la priver de ses courses au long cours et de ses chants à plusieurs voix en compagnie de ses semblables, dans l’immensité des océans. Alors oui, les temps changent, cirque sans animaux, remise en cause des parcs zoologiques, combats de plus en plus respectés et pris au sérieux de groupes comme L214 ou Code animal, mais la route sera encore longue jusqu’à l’apaisement et la réconciliation.
A la télévision, les documentaires se multiplient, questionnant le sort que l’on réserve aux animaux. Ainsi, ce lundi 23 novembre, «L’animal est une personne», sur France 3, dont la diffusion sera suivie d’un débat. La télévision, écho des grands mouvements qui agitent et traversent la société, la conscience collective. L’antispécisme nous le dit depuis longtemps, mais nous nous bouchions les oreilles. Nous ne voulions ni voir, ni entendre, ni penser. Né dans les années 1970, l’antispécisme refuse la domination et la discrimination au nom de l’espèce. « La Libération animale» de Peter Singer signe le manifeste du mouvement. Aucune espère ne saurait être utilisée ou exploitée par l’être humain, les antispécistes sont donc tout naturellement vegans, c’est-à-dire qu’ils ne consomment aucun produit d’origine animale ou ayant nécessité l’exploitation d’un animal (alimentation, vêtements, cosmétiques). Bien au-delà, surgissent toutes les questions autour du propre de l’homme, de l’utilisation même du terme « animal » ou « animalité », que des philosophes ont à leur tour creusée, à l’instar de Jacques Derrida, par exemple.
Alors non, au regard de tout ceci, Diesel n’est pas le «symptôme de notre faiblesse» comme le dit ce journaliste de « L’Union ». Diesel était un animal sensible, une chienne douée de sensations et de sentiments, qui a été tuée pour une guerre qui ne la concernait pas. Une chienne, utilisée comme tant d’autres, chiens bien sûr, mais aussi chevaux, dauphins, oiseaux, pour servir la folie des hommes. La mort de Diesel doit nous inciter à réfléchir sur notre place au sein de la Création et à entrer en résistance pour respecter et protéger nos frères et sœurs à poils, à plumes, à écailles, où qu’ils se trouvent, et quels qu’ils soient.
Marie Perrin
  • Sébastien Lacroix, «Diesel, symptôme de notre faiblesse», L’Union du 19 novembre 2015.

mercredi 28 octobre 2015

Le "animal hoarding", une terrible réalité

Syndrome de Noé ou « animal hoarding » : cette collectionnite d’un genre un peu particulier désigne l’accumulation d’êtres vivants. Régulièrement, les journaux relatent des affaires de maltraitances animales graves qui relèvent de cette pathologie mentale. Gros plan.

Des dizaines de chiens ou de chats entassés dans des deux-pièces, dans la plus totale insalubrité. Des lapins, des cochons d’Inde, des canards ou des serpents en trop grand nombre, dans le noir d’une cave ou la crasse d’une maison pestilentielle. Lorsque les associations ou les autorités interviennent, il est souvent trop tard : parfois alertés par des voisins, les enquêteurs découvrent des logements dévastés. Et des animaux en très grande souffrance.

Une maltraitance passive

Le schéma de ces affaires varie peu : les propriétaires ne voulaient que le bien de leurs animaux, ils ont été emportés par leur passion, ils n’ont pas su dire non. Manque d’argent, détérioration des habitations, bientôt la situation leur a échappé, s’est retrouvée hors contrôle. Ils étaient dépressifs, ne se sont pas rendu compte. A l’instar des personnes souffrant d’addiction, ils sont dans le déni, pensant « que tout est parfaitement normal ». Ils ont 50 chats ? Peut-être, mais personne ne peut les aimer autant qu’eux. Et peu importe si leurs chats sont stressés, malades, mourants…

Ce qui compte dans cette affection, ce n’est pas tant le nombre d’animaux détenus que la capacité du « propriétaire » à les soigner tous convenablement. Une personne atteinte du syndrome de Noé ne peut tout simplement pas subvenir aux besoins (physiques et psychiques) de ses animaux. Elle s’isole, se replie sur son univers. Sa collectionnite peut fonctionner un temps, puis un grain de sable vient gripper la mécanique, et tout s’effrite. Dépassé, débordé, le malade s’enfonce, entraînant ses animaux dans sa chute.

D’effroyables affaires vécues…

Quelques affaires vécues me reviennent en mémoire, du temps où j’intervenais sur le terrain avec Le Refuge de l’arche de Noé, association de protection des animaux de rente basée dans le Bas-Rhin, près de Strasbourg. La toute première nous a emmenés dans les Vosges, dans un tout petit village où « sévissait » une dame âgée, d’origine allemande. L’association avait été prévenue par des chasseurs du secteur, qui s’inquiétaient de trouver des cadavres de chevaux dans la forêt. Des carcasses d’équidés enterrées dans l’épais fumier, des chiens infestés de parasites au point que l’un d’eux avait dû être euthanasié, des animaux ensauvagés, qu’il avait été bien difficile d’attraper et de transporter : sur place, la situation était terrible. En Allemagne, cette « Cruella des Vosges », comme elle allait être surnommée lors de son procès, n’avait plus l’autorisation de posséder le moindre animal de compagnie, fût-il poisson rouge. Elle avait donc franchi la frontière, et poursuivait ses funestes activités en France.

A bien d’autres reprises, par la suite, Le Refuge de l’Arche de Noé a été confronté à des situations similaires. Comme cet aviculteur que la mort de sa maman avait fait « dérailler »… Nous avons sorti les cadavres de lapins et de volailles sur des brouettes, par dizaines. Les rescapés ont été rapatriés dans les locaux de l’Arche, soignés puis placés en familles. Ces « entassements » d’animaux, au mépris de la loi, de la logique, de tout bon sens, sont finalement assez courants. L’on s’en aperçoit vite quand on commence à s’implique dans la protection animale.

Les « animal hoarders » : quel profil ?

D’après une étude menée au Québec par les services sociaux et de santé, le profil des personnes souffrant d’animal hoarding serait le suivant : à 75% des femmes, seules, possédant en moyenne 39 animaux. Les espèces concernées seraient à 81% les chats, à 55% les chiens, à 17% les oiseaux, les petits mammifères, bétail, chevaux et reptiles se partageant le reste*. Pour certains auteurs, il s’agirait d’une forme de TOC (troubles obsessionnels compulsifs), lesquels toucheraient environ 2% de la population. S’il ne s’agit évidemment pas d’un problème majeur de santé publique, le « syndrome d’hébergement d’innombrables animaux» (tel que nommé en Belgique) n’en reste pas moins une terrible réalité, dont il faut parler quand on aime les animaux et qu’on se soucie de leur bien-être.

Marie Perrin

 


 

Pour aller plus loin :

ð  Une vidéo, dans laquelle un bénévole de la SPA pointe fort justement du doigt les carences psychologiques subies par des chiots nés dans de telles conditions…


ð  Une vidéo réalisée par la SPA de Besançon :


ð  Une autre vidéo, d’un couple qui « collectionne » les chats :


ð  Un article paru dans le «Huffington Post» :


ð  Un article d’«Ouest France» sur le syndrome de Diogène, apparenté au syndrome de Noé mais concernant les objets :


ð  Enfin, un numéro de Xenius, l’émission d’Arte, consacré à la syllogomanie :


 

 

 

 

 

 

lundi 19 octobre 2015

CEC-VA

Les Centres d’Education Canine agréés par Vox Animae sont un gage de garantie et de qualité pour les clients qui y participent avec leurs chiens.


Le premier centre mené par Zita Nagy et Marie Perrin a ouvert en région strasbourgeoise en mai 2014.
 
Si vous faites appel à nos services, vous avez la garantie de vous adresser à une professionnelle à votre écoute, capable de vous conseiller sur l’éducation de votre animal, tout en respectant vos émotions et celles de votre chien.


CEC, donc Compétence – Ethique – Confiance

  • Une formation solide, des connaissances réactualisées au fil des avancées scientifiques et des expériences qui s’enrichissent grâce aux échanges entre professionnels : c’est en nous tenant informés et mobilisés que nous pouvons vous offrir le meilleur.
  • Votre bien-être et celui de votre chien sont au centre de nos préoccupations. Ainsi, nos pratiques seront toujours bienveillantes. Nous veillerons à toujours respecter les émotions et l’équilibre psychologique des animaux et des personnes avec lesquelles nous travaillerons.
  • La confiance est au centre de nos relations : entre vous et votre chien – pour vivre une relation harmonieuse, entre votre chien et nous – pour faciliter les apprentissages,  et entre vous et nous – pour un accompagnement réussi. Nous mettrons tout en oeuvre pour créer et conserver ce lien.

De quoi s’agit-il ?

Le professionnel qui propose des séances d’éducation canine, en séances individuelles et/ou collectives, a été formé chez Vox Animae, et défend des valeurs fortes de respect et de bienveillance dans l’entraînement des chiens de famille.
 
Le CEC-VA applique la charte du réseau Vox Animae, et s’engage dans une déontologie et une approche irréprochables.

Que gagne le client ?

Le particulier qui fait confiance au Centre d’Education Canine agréé Vox Animae a l’assurance que son chien ne sera jamais malmené.
 
Il sait qu’il va bénéficier de conseils et d’expertises de professionnels reconnus par Vox Animae.

Où sont les autres CEC-VA ?

Amandine Rolet (Tabaki and Co) ouvre son CEC-VA en Auvergne le 1er Novembre 2015.
 
D’autres CEC-VA verront bientôt le jour!

mercredi 7 octobre 2015

Le rappel : indispensable, et pourtant si problématique

« Je voudrais tant le lâcher, mais il ne revient pas au rappel ». Combien d’éducateurs n’ont pas entendu cette phrase ? Chargée de désarroi et de culpabilité souvent, puisque bien sûr, le chien du voisin court tout le temps librement dans les champs, avec un rappel évidemment infaillible… Alors quelles solutions proposer et, surtout, pour quels résultats ? Gros plan.
 
Ils se tiennent là tous les deux, presque penauds, avec leur petit jack frétillant en bout de laisse. Espérant que l’éducateur dont ils ont poussé la porte saura régler ce problème qui leur gâche la vie. Leur petit Hannibal aime tant gambader à son rythme, il est si tonique, il a tellement besoin de bouger. Mais voilà, il refuse de revenir quand on le lui demande… Que faire, et comment ?
 
Le rappel pas à pas 
 
Idéalement, le rappel devrait être inculqué au chiot dès son arrivée dans la maison. Un petit chiot de deux mois n’est pas bien difficile à faire revenir. Autant en profiter, surtout qu’on peut généralement le lâcher en extérieur, il ne s’éloigne encore guère de ses maîtres. Il faut aussi prendre l’habitude de rappeler le chien chez soi, à la maison, dans son jardin, à chaque fois qu’on en a envie. Sans oublier, évidemment, de le récompenser quand il obtempère : une friandise, un jeu de balle, une caresse, un « c’est bien » d’une voix douce et enjouée.
 
Une des règles premières, c’est de ne pas rappeler le chiot pour l’attacher. Il fera vite l’association « je reviens, on m’attache ». Rappelez-le, récompensez-le, gardez-le avec vous quelques secondes, puis laissez-le repartir sur ordre. Vous pouvez également le remettre de temps en temps à la laisse sur quelques mètres, sans oublier, lorsque vous accrochez le mousqueton à son collier ou à son harnais, de lui donner une récompense, toujours dans l’optique d’une association positive (remise en laisse = élément agréable).
 
 
Une friandise pour la remise en laisse
 

Si votre chiot, ou votre chien, rechigne à revenir, que vous êtes obligé d’aller le chercher, ne cédez pas à la tentation de l’énervement. Vous ne feriez qu’hypothéquer votre prochaine tentative de rappel. Marquez l’échec d’un « tant pis », remettez Médor à la laisse et dites-vous que vous ferez mieux demain. Enfin, si vous vous êtes époumoné durant dix minutes et qu’enfin, il daigne revenir vers vous, ne vous fâchez pas. Respirez fort, calmez-vous, et récompensez le quand même. N’oubliez pas qu’il aurait aussi pu ne pas revenir du tout !
 
Enfin, soyez toujours congruents : votre gestuelle, votre voix, votre intonation, tout votre langage non verbal doit appuyer votre « viens ». Si Médor sent de la colère ou de la peur dans votre voix, si votre langage corporel n’est pas adapté à votre demande verbale, il ne reviendra pas.
 
Les roues de secours du rappel
 
Un bon éducateur vous donnera des clés pour contourner les échecs de rappel. L’on peut ainsi partir bruyamment dans le sens inverse de la promenade, éventuellement même se cacher. L’on peut d’ailleurs pratiquer cet exercice de se cacher de temps en temps, afin que le chien prenne l’habitude de ne pas perdre son propriétaire de vue. La peur de l’abandon, la soudaine solitude, peuvent avoir raison de certains récalcitrants !
 
Attention au conflit de motivations.
 
Si votre chien est en train de jouer avec un autre chien, qu’ils sont en pleine partie de course-poursuite échevelée, votre rappel se soldera très certainement par un « flop » retentissant. C’est logique : sur une échelle de motivation, le jeu avec le copain est situé bien plus haut que vous et votre friandise. On peut évidemment rappeler un chien qui s’ébat avec des congénères, mais cela nécessite préalablement un apprentissage patient et minutieux.
 
Pareillement, un chien qui renifle une odeur, ou qui prend une piste de gibier, ne vous entend pas. Il n’est pas têtu ou de mauvaise volonté, il est juste tout entier dans sa truffe, et forcément absent à toute autre sollicitation de son environnement. S’il est absorbé par la trace olfactive laissée par un autre chien, attendez qu’il relève la tête pour le rappeler.
 
Pour contourner ces conflits de motivation, vous devez commencer à travailler le rappel chez vous, à l’intérieur de votre habitation. Vous et votre friandise serez alors plus importants que tout le reste. Puis sortez dans votre jardin, dans un parc, dans les champs, mais à chaque fois sans autre motivation que vous, et votre morceau de saucisse à l’ail ou votre balle « pouic-pouic ». Puis élevez votre niveau de difficulté : faites-vous aider par d’autres propriétaires de chiens. Apprenez à Médor à revenir vers vous quand il joue avec un autre être humain, ou avec un autre chien. Et surtout, allez au rythme de votre chien, sans brûler les étapes. Ces apprentissages sont possibles, mais ne coulent pas de source : il vous faudra être patient et organisé. N’hésitez pas à vous faire aider !

 
Les limites de chaque chien.
 
Au-delà de l’éventuel conflit de motivations, chaque chien a ses propres limites. Un éducateur qui vous promet que votre chien reviendra en toute circonstance vous ment. C’est tout simplement impossible à garantir. Certains chiens reviendront vers leur maître tout le temps, quoi qu’il se passe. D’autres non, quelle que soit la peine qu’on se donne. Pour certains, la vue du chevreuil ou du lièvre sera toujours plus intéressante que le propriétaire. L’important, pour un rappel réussi, c’est d’apprendre à connaître son chien, sans vouloir qu’il ressemble au chien qu’on avait avant, ou au chien du meilleur ami « qui obéit si bien et revient au doigt et à l’œil ». Il faut savoir dans quels environnements on peut le lâcher, et dans quels environnements il vaut mieux le laisser à la laisse, quitte à compenser en rallongeant la promenade d’une demi-heure et en jouant encore un peu dans le jardin au retour.
 
De la relation au rappel.

 
Enfin, un rappel réussi signifie très souvent une relation maître-chien de bonne qualité. Si Médor modifie à sa guise vos comportements, obtient toutes les caresses qu’il veut quand il veut, joue avec vous quand il en a envie, n’espérez pas qu’à l’extérieur, il reviendra quand vous l’appelez. Vous lui obéissez dans votre vie quotidienne, ce n’est pas au milieu de tous les stimuli du grand air qu’il va soudain vous reconnaître comme son leader.
 
Le petit Hannibal dont il est question au début de l’article avait ainsi l’habitude d’obtenir tout ce qu’il voulait de ses maîtres : avec la mise en place de stratégies adaptées à la situation, tout est rentré en ordre. Derrière les problèmes de rappel peuvent donc se cacher d’autres soucis relationnels, qu’un bon éducateur ou comportementaliste saura décrypter afin de mettre en place les solutions adéquates.
 

Marie Perrin

mardi 6 octobre 2015

L’apprentissage vicariant selon Ambra

Vous ai-je déjà parlé d’Ambra ? Non ? Alors il faut absolument que je vous la présente, car elle est le principal sujet de mon présent article : l’apprentissage vicariant, ou apprentissage par observation et imitation*.
 
Ambra est une petite femelle de race chien-loup tchécoslovaque  que j’ai adoptée il y a bientôt deux ans. Un jeudi de décembre, le 18 pour être précise, ma meilleure amie et moi-même sommes parties tôt le matin en direction du Nord de la France. Nous avons roulé de longues heures dans un épais brouillard jusqu’à la campagne ardennaise, où nous attendait Ambra, retraitée d’élevage de sept ans. Petite femelle abîmée par la vie, pour laquelle j’avais eu deux semaines plus tôt une sorte de coup de foudre… 
Ambra n’avait pas eu une existence facile. Elle n’avait pas connu grand-chose hormis les box et les chenils, elle n’était pas en très bon état, ni en très bonne santé, et surtout elle présentait un fort potentiel agressif envers ses congénères. Il se trouve que les conduites agressives canine, je m’en fiche un peu. Séparer définitivement des chiens qui ne s’entendent pas (avec toute la logistique que cela implique), gérer d’éventuels conflits, ça ne me fait pas peur et surtout, ça ne me dérange pas.
Ambra est donc entrée dans ma vie. Et dès le début, je me suis promis qu’avec elle, ce serait « no conditionnement ». Ambra allait rester telle qu’en elle-même : une sauvageonne ! Comme on me l’avait décrite très agressive, et qu’effectivement j’avais constaté qu’elle avait la colère (et surtout la peur) facile, immédiatement sur la défensive, j’ai attendu avant de la mettre au contact de congénères. Quand j’allais au club canin le dimanche matin et le lundi soir, elle restait dans le camion. Tranquillement installée dans sa boîte de transport, elle regardait attentivement tout ce qui se passait sur le terrain, n’en perdant pas une miette… Des jeux, des interactions positives, des courses-poursuites, des rapports de force, parfois des ajustements « virils » et des conflits. Quelques bagarres aussi, évidemment, mais sans commune mesure avec celles qu’elle avait connues les sept premières années.
Rien de menaçant ni de dangereux…
Peu à peu, Ambra a pu se rendre compte que sur ce terrain, tout se passait globalement bien, malgré le nombre de chiens lâchés en même temps, de 20 à 35 selon les dimanches, de toutes tailles, tous âges, toutes races. Elle a vu que les chiens entre eux, loin de ce qu’elle avait jusqu’alors expérimenté, nouaient des relations pacifiques et ludiques, qu’ils s’adonnaient à des explications parfois, mais jamais jusqu’à l’ultime limite. Rien de menaçant ni de dangereux en somme.
 
Crédit photo : Hervé VEES
 
Et c’est ainsi qu’un jour, après l’avoir progressivement mise au contact de chiens équilibrés, après avoir constaté que tout se passait bien, qu’elle communiquait bien et ne cherchait pas à tout prix les rapports de force, Ambra a eu droit au grand bain : un lâcher collectif ! Vous pourrez regarder la vidéo de cette première fois (en fin d’article), elle parle d’elle-même… Je suis absolument convaincue que rien n’aurait été possible sans ces semaines, ces mois d’observation, depuis son antre protectrice, des autres chiens jouant, courant, travaillant ensemble, sans heurts.
Au petit jeu de l’apprentissage vicariant, Ambra est très douée
J’ai découvert par la suite qu’au petit jeu de l’apprentissage vicariant, Ambra était extrêmement douée. Ainsi, un soir, lors d’une séance privée, j’ai (comme cela m’arrive souvent), pris Ambra avec moi sur le terrain, à la laisse, pour expliquer à nos clients comment fonctionne, en pratique, le contre-conditionnement d’un chien réactif. A un moment, les propriétaires ont demandé à leur chien de s’asseoir. Et ô surprise, Ambra s’est elle aussi assise ! Je précise que je ne le lui ai jamais appris ! Elle avait simplement regardé les autres chiens travailler, dimanche après dimanche, lundi après lundi… Depuis, je vais de découverte en découverte. Ambra s’assied paisiblement quand mes autres chiens-loups se mettent assis en silence, attendant que je leur ouvre la porte du chenil (et Dieu sait qu’Ambra est remuante et bruyante !) Elle sait ouvrir la porte d’entrée depuis que Namasté, mon saarloos, le lui a montré. Et elle cueille les mûres dans le jardin, après m’avoir très attentivement regardée récolter les premiers fruits… Moralité : nous n’avons pas mangé de mûres cette année, elles ont toutes fini dans son estomac de barfeuse avertie !
Je me demande quelle sera la prochaine surprise d’Ambra… Ce qui est certain, c’est que je l’emmène en promenade seule, sans Namasté ni Véda : j’ai bien trop peur qu’elle ne découvre, au contact de mes deux prédateurs, que les lapins, les chevreuils ou les cygnes, qui n’éveillent pour l’instant chez elle qu'un intérêt modéré, sont en réalité de super chouettes proies, et qu’il pourrait être vraiment très rigolo de leur courir après en espérant un festin de gibier ! Je sais maintenant à quel point Ambra est douée pour apprendre par observation et imitation, ce qui m’incite à la plus extrême prudence !
Marie Perrin
* L’apprentissage vicariant, ou apprentissage social, postule qu’à côté de l’apprentissage direct, par expérimentation, existe une autre forme d’apprentissage, qui résulte de l’observation des congénères, de leurs actions et des conséquences de ces actions.
 
Une vidéo du premier lâcher collectif d'Ambra. Un grand merci à Raymond Fuchs pour cette magnifique vidéo...

mardi 8 septembre 2015

Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler de moi...


Dans trois semaines, cela fera trois ans que je suis comportementaliste et éducateur canin diplômée. Et en trois ans, que d’évolutions ! Et surtout que de projets, d’idées, de démarches pour développer ma petite entreprise. J’avais envie, pour fêter cet anniversaire, de dresser le bilan de ces trois années…
Il y a trois ans, je débutais en comportementalisme canin. Je n’imaginais pas aller plus loin que les consultations à domicile. Puis j’ai rejoint l’équipe de l’Espace canin Geispolsheim (club SCC), à savoir Zita et Christian, pour les lâchers collectifs dominicaux. Puis… puis tout s’est accéléré ! Zita Nagy (Bien avec mon chien) et moi-même nous sommes associées et avons lancé notre activité commune d’éducateurs canins. Tous les lundis soirs, nous proposons des séances d’éducation couplées à des lâchers collectifs. Les chiens craintifs, agressifs ou réactifs sont également les bienvenus : nous avons un créneau horaire qui leur est dédié. Les propriétaires apprennent à cohabiter avec ces chiens émotionnellement sensibles et fragiles, nous leur donnons des « outils » et techniques adaptés aux difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne et essayons surtout d’apaiser les chiens et les maîtres)*.
 
 
Puis nous avons organisé des promenades éducatives. Au départ, nous les destinions à nos clients du lundi soir, mais nous avons découvert que cela plaisait beaucoup, et que certains binômes étaient même exclusivement intéressés par ces balades. Nous varions les sorties, une fois en ville, une fois en campagne, une fois à Strasbourg, une fois à Obernai, etc. La date de la prochaine promenade vous sera communiquée très prochainement via Facebook… N’hésitez pas à nous écrire et à vous faire connaître si cela vous intéresse ! Si vous souhaitez vous initier au canicross (je pratique le canicross depuis plusieurs années), ou au canirando, écrivez-nous, c’est aussi dans nos cordes, mais uniquement si la demande est là !
 
Balade éducative au centre-ville de Strasbourg avec une dizaine de chien

Le succès remporté par nos lâchers collectifs nous a poussées à mettre en place un week-end de formation à destination des éducateurs canins. Nous aimons transmettre notre savoir et espérons que les lâchers collectifs vont se multiplier dans notre région, voire au-delà de notre région. Le prochain week-end de formation récré@2 sera organisé lorsque nous aurons le nombre de stagiaires requis (entre 8 et 10 places). Ce stage est à destination des éducateurs canins, mais aussi des moniteurs de clubs désireux de faire évoluer leur pratique (nous nous tenons à votre disposition pour tout renseignement).
 
Enfin, depuis tout récemment, en partenariat avec Sandrine Bauer (de Dogosmose), nous avons lancé notre école des chiots. Tous les samedis matins, nous vous recevons à Dogosmose ou chez moi pour des séances encadrées. Un de nos petits « plus » (parmi d’autres) : un livret chiot très complet ainsi que des cahiers de devoirs.
L'école des chiots : ludique et nécessaire
Sur demande, nous pouvons également vous initier au clicker training, et nous réfléchissons à des lâchers collectifs sans éducation, juste pour que vos chiens puissent communiquer, se défouler, s’amuser, causer chien entre chiens et parfaire leur vocabulaire canin.
J’ai également le grand plaisir (et honneur) d’avoir rejoint l’équipe de Vox Animae : pour la 2e année consécutive, je relis les mémoires des étudiants de Laurence Bruder-Sergent et je ferai partie de l’équipe des formateurs de la prochaine promotion d’éducateurs canins (2016). Et Zita, Christian et moi-même accueillons depuis deux ans les étudiants comportementalistes pour des observations éthologiques lors de nos lâchers collectifs.
 
Namasté et moi (Namasté est un chien-loup de Saarloos mâle de presque 8 ans)
 
Enfin, prochainement, Zita, moi-même et une amie et collègue tout récemment diplômée, Virginia Klein (Toutou & You) allons organiser une journée dédiée aux chiens-loups (ma grande passion). Cette journée sera prioritairement ouverte aux chiens-loups de Saarloos, mais nous accueillerons également leurs cousins chiens-loups tchécoslovaques. Sont prévus : des ateliers d’éducation, des conseils concernant d’éventuels troubles du comportement, ainsi qu’une grande promenade éducative. Collègues éducateurs et comportementalistes : si vous désirez en savoir plus sur les spécificités des chiens-loups, ce sera le moment ou jamais ! Inscrivez-vous à cette journée !

En trois ans, que de chemin parcouru ! Jamais je n’aurais pu imaginer un tel cheminement. C’est loin d’être facile, les semaines sont longues, d’autant que j’ai conservé mon activité salariée de journaliste en agence de presse. Car oui, même quand on arrive à se développer et à se diversifier, même quand on a plein d’idées, plein d’envies et d’énergie, il reste difficile de ne vivre que du comportementalisme et de l’éducation. Mais rien n’empêche d’y croire, et de tout tenter pour que la passion l’emporte…

Marie Perrin
 
Les services que nous vous proposons, Zita Nagy et moi-même :

ð  Lâchers collectifs et séances d’éducation
ð  Séances dédiées aux chiens craintifs, agressifs, réactifs
ð  Thérapie comportementale
ð  Séances individuelles d’éducation
ð  Promenades éducatives
ð  Initiation au canicross et canirando
ð  Clicker training
ð  Ecole des chiots
ð  Conseils et informations sur les chiens-loups (saarloos, tchécoslovaques ou croisés) et primitifs (sur demande ou lors de journées spéciales)
ð  Stages récré@2
ð  Zita Nagy (Bien avec mon chien) propose également une pension familiale
 

* mon parcours en accéléré : monitrice SCC depuis 2005 - je pratique le canicross depuis plusieurs années, et j'ai pratiqué l'obédience durant presque trois années. Propriétaire de plusieurs chiens-loups (de Saarloos et une femelle tchécoslovaque). Stage de clicker training en 2005 / Formation Vox Animae (comportementalisme et éducation canine) en 2012 / Stage From Brain to Bite de Chirag Patel en 2013 / Module sur les conduites agressives de Joël Dehasse en mai 2015. Je collabore également à Chien magazine Suisse et au "e-mag" de Vox Animae.

 

 

dimanche 6 septembre 2015

Quelles questions se poser avant d'adopter un chiot...

 
Vous avez décidé d’adopter un chiot, peut-être un chien adulte. Quelles questions devez-vous vous poser ? Je vais tenter de vous aider à y voir plus clair.
Un chien adulte ou un chiot ? De race ou bâtard ?
 
Si vous avez opté pour un chien adulte, c’est que vous avez décidé de faire une bonne action à la SPA, ou en adoptant un retraité d’élevage. Vous avez peut-être aussi eu un coup de cœur pour un chien à replacer via un site Internet. Dans tous les cas, au bout de quelques semaines de cohabitation, une fois qu’il aura pris ses marques chez vous, il sera peut-être judicieux de faire appel à un spécialiste du comportement, qui pourra vous aider à caler certains détails du quotidien, surtout si votre nouveau compagnon a subi une longue période en chenil, ou s’il a été abandonné pour des troubles du comportement (même si changer d’environnement, c’est aussi changer de comportement).
 
Vous avez décidé d’adopter un chiot. Qu’il soit de race ou bâtard, votre choix doit évidemment être mûrement réfléchi. Dans tous les cas, on ne le répétera jamais assez, évitez absolument les salons du chiot. Cherchez un particulier ou un éleveur sérieux, qui garantira des conditions de développement optimales à votre petit bout poilu…
 
A qui faut-il veiller ?
 
Plusieurs éléments doivent être pris en compte :
1)   Les parents de votre futur chiot vivent-ils en chenil (ou dans la cave) ou dans l’habitation des éleveurs ?
2)   S’agit-il d’un petit élevage ou d'un élevage intensif et / ou multiraces ?
3)   Comment les parents de votre futur chiot se comportent-ils ? Sont-ils craintifs, agressifs, paisibles ?
4)   Quel est l’environnement général de l’élevage ? S’il est en rase campagne, et que vous habitez au centre de Paris, oubliez immédiatement cet élevage…
5)   Posez des questions à l’éleveur : se donne-t-il la peine de sortir les chiots de l’élevage, de leur faire prendre la voiture, de leur faire voir des êtres humains et des animaux d’autres espèces ? Laisse-t-il les chiots avec la maman jusqu’à leur départ de l’élevage ? Si vous avez des chats, vous apprécierez sans doute que votre futur chiot ait vu des chats durant ses premières semaines de vie… Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. L’on est moins enclin à chasser les espèces amies que les espèces inconnues !
6)   Veillez bien à l’âge et à l’état émotionnel de la maman de votre futur chiot, ainsi qu’à la taille de la portée. On estime en effet qu’au-delà de 4 chiots, un autre chien adulte équilibré devrait venir en renfort de la chienne.  
7)   Si vous avez choisi un chien de race, faites attention que les parents de votre futur chiot soit dépisté pour les tares et maladies reconnues pour la race. C’est extrêmement important si vous ne voulez pas vous ruiner en frais vétérinaires et, surtout, voir souffrir cet être auquel vous allez vous attacher de manière si puissante. Je vous donne un exemple : ma race de cœur, le chien-loup de Saarloos, est touchée par la myélopathie dégénérative. Il existe actuellement un test génétique pour éviter de reproduire deux sujets porteurs (ou, encore pire, atteints par la maladie). Ce qui n’empêche pas certains éleveurs peu scrupuleux de continuer à propager la maladie. La myélopathie dégénérative a ceci de terrible qu’elle se déclare quand le chien vieillit : peu à peu, bien qu’il conserve toutes ses facultés mentales, il se paralyse. L’issue de la maladie, qui peut être d’évolution rapide, est l’euthanasie…
8)   Ne prenez jamais un chiot avant 8 semaines (c’est illégal de toute façon), et jamais après 3 mois (vous aurez plus de mal à la familiariser à votre mode de vie)
 
Le choix du chiot (Ian Dunbar) : On a longtemps pensé que le chiot qui venait spontanément, sautait et mordillait, ne devait pas être choisi car « dominant » ou « agressif ». Or rien n’est moins faux. Ce chiot présente un comportement normal, c’est lui qu’il faudrait choisir, et pas celui qui se cache et se terre…
 
Quelle race ?
 
La question est primordiale. Si vous optez pour un bâtard, renseignez-vous bien sur les caractéristiques de chacun des parents. Si vous optez pour un chien de race, demandez-vous si vous l’avez choisi pour des raisons esthétiques... Auquel cas vous risquez d’avoir des ennuis… Lorsqu’on opte pour un chien de race, il faut être bien certain que cette race, et au sein de cette race, cette lignée, va correspondre à mes attentes et mes capacités. Nombre de gens adoptent un jack russel sans se doute que cette petite bête est montée sur ressorts et a besoin de se dépenser physiquement et intellectuellement au-delà de ce que la plupart des propriétaires peuvent lui apporter.
 
L’une des races à la mode actuellement, c’est le border collie, de préférence d’une lignée de travail. Je vous assure que si vous optez pour un border de travail, qui a grandi dans une ferme auprès de parents gardiens de troupeau, vous risquez fort de vous en mordre les doigts. Etes-vous prêt à l’emmener travailler sur troupeau ? A lui faire faire un jogging quotidien ? A subir les éventuels « troubles » liés à la sélection des meilleurs individus pour le travail du troupeau ? Vous risquez d’être très malheureux, et votre chien avec vous. Surtout si vous habitez en ville et que votre border, comme nombre de borders, est plutôt sensible et réactif, et qu’il se lance sur toutes les voitures qu’il croise.
 
La question de la race rejoint d’ailleurs celle-ci :
 
 
Quelles sont mes motivations à prendre un chiot / un chien ?
 
1)   Je suis sportif et je veux un compagnon d’activités en plein air
2)   Je vis seul ou seule et je veux un gardien, un chien qui me protège et protège ma maison ou mon appartement
3)   J’ai des enfants et je souhaite un compagnon pour la vie de famille
4)   Je souhaite combler ma solitude
5)   Je veux un chien « miroir », qui (me) renvoie une image valorisée de moi-même
6)   Je veux offrir un chien à mes enfants
7)   Je n’ai jamais eu de chien mais j’ai toujours rêvé d’en avoir un, et je me sens prêt à franchir le cap
8)   Mon chien vient de mourir et je veux rapidement tourner la page, en choisissant un chien de la même race et du même sexe

Certaines de ces affirmations devraient vous alerter : ne prenez pas de chien, ou pas tout de suite, vous risquez de faire son malheur. Les autres affirmations doivent vous orienter sur la race qui vous conviendra. Faites-vous aider par un professionnel, il saura vous guider pour un choix optimal.
 
Mon budget ?
 
Un chien coûte cher. Entre l’achat du chiot, celui de la laisse, du collier, des accessoires pour enrichir son milieu de vie, sans compter les dépenses liées à l’alimentation, les frais vétérinaires, l’assurance éventuelle pour ces mêmes frais vétérinaires, la facture peut vite s’avérer salée. Frais de pension en été ou quand vous partez en vacances, ou choix d’un lieu de villégiature acceptant les chiens (attention aux plages interdites aux chiens en été, elles sont de plus en plus nombreuses), autant d’éléments à réfléchir avant … Adopter ou acheter un chien doit être un acte mûrement réfléchi, car il impactera vos quinze prochaines années
 
Le temps dont je dispose pour lui ? Mon mode de vie ?
 
L’arrivée de votre chiot  va vous changer la vie, et durablement ! Il va falloir accepter qu’il puisse mordiller, faire ses besoins partout, détruire une partie de votre habitation. Vous devrez faire patiemment son éducation, l’aider à grandir. Pour cela, vous devrez vous être documenté, avoir appris ce qu’est un chien, la manière dont il vit et perçoit le monde qui l’environne, avoir des connaissances sur ses besoins spécifiques, et être prêt à les combler. Dans tous les cas, vous devrez désormais prendre le temps de promener toutou 6 fois par jour, pour qu’il puisse faire ses besoins dehors. Et vous devrez prévoir au minimum une grande promenade quotidienne pour qu’il puisse se défouler selon ses envies et besoins. Si vous vous absentez 8 heures par jour pour le travail, si vous détestez vous promener, si vous passez vos week-ends à l’extérieur de chez vous, ou au travail, sans pouvoir consacrer du temps à votre chien, alors… ne prenez pas de chien !
 
Ville ou campagne ? Maison ou appartement ?
 
Un chiot élevé en rase campagne risque d’avoir des difficultés à s’adapter à l’environnement urbain. A l’inverse, un chiot qui a passé ses premières semaines en ville souffrira du manque de stimulations si vous habitez un tout petit village ou un lieu isolé.
 
Certains éleveurs exigent de leurs futurs adoptants qu’ils aient une maison avec jardin. Personnellement, je pense qu’un chien en appartement est parfois plus heureux qu’un chien en maison : il est forcément promené plusieurs fois par jour, partage des temps de détente et de complicité avec son maître, peut à loisir renifler les informations laissées par ses congénères plus tôt dans la journée. Un jardin ne suffit pas au bonheur d’un chien : un chien est un animal social, qui a besoin de se promener, d’exercer sa truffe, de rencontrer d’autres chiens, de voir des gens et des lieux divers.
 
Quelques éléments à savoir
 
N’hésitez pas à faire appel à un professionnel du comportement : il vous aidera à faire grandir votre chiot de manière optimale. Parfois, certains futurs propriétaires m’appellent avant d’aller chercher leur chiot : j’aime beaucoup ces consultations, elles sont la meilleure garantie d’une cohabitation saine et heureuse.
 
Un chiot a besoin de mordiller : il faut penser à combler ses besoins masticatoires. Il découvre en effet le monde en le mettant dans sa bouche, c’est normal. L’inhibition de la morsure, un des auto-contrôles indispensables, s’apprend par morsure réciproque entre chiots : il vous faudra donc impérativement fréquenter une école pour chiots, mais une bonne école pour chiots, où le plus important réside dans les lâchers collectifs, que les chiots puissent jouer, interagir, communiquer, s’ajuster.
 
Avant ses trois mois, il devra avoir vu au minimum une centaine de personnes différentes, et une quinzaine d’enfants. Ces rencontres doivent bien sûr être positives pour le chiot. Organisez des soirées avec des amis, des goûters avec des enfants calmes, faites venir vos voisins, vos proches, et habituez votre chiot à voir des humains de toutes tailles, très différents, âgés, jeunes, hommes, femmes, etc.
 
N’oubliez pas que l’une des sources principales de problèmes de comportement, c’est l’ennui et l’inactivité. Votre chiot (votre chien) a besoin de s’occuper, physiquement et mentalement, il a besoin de passer du temps avec vous, voire de « travailler » (éducation, sport, disciplines cynophiles, etc).
 
Et voilà, vous êtes maintenant presque prêt pour le grand saut : votre chiot va venir rejoindre votre foyer. Que votre route commune soit longue et semée de nombreuses petites (et grandes) pépites de bonheur !