jeudi 30 mai 2013

Mon chien n'est pas propre (article co-signé avec Laurence Bruder-Sergent)

Qu'est-ce qui provoque les malpropretés chez nos compagnons ?

Ennui, anxiété, hyper-attachement sont générateurs de troubles du comportement. Quand un chien ne parvient pas à s'adapter à un contexte de vie, il réduit en effet son inconfort par des activités d’apaisement et de substitution, telles les vocalises, destructions ou malpropretés. Arrêtons-nous plus longuement sur ces dernières, et tentons d'analyser et de comprendre ce que les chiens nous «disent» lorsqu'ils urinent sur les tapis ou défèquent devant la porte d'entrée.

Le concept de propreté

Rappelons tout d’abord que dans le monde du chien, il n’existe que deux règles : on ne fait pas ses besoins là où on mange ni là où on dort. Dans le monde des humains en revanche, la propreté est une notion complexe qu’il va falloir apprendre au chiot : il doit se retenir lorsque la nécessité s’en fait sentir, pour faire à un endroit et un moment qui nous conviennent.

Et s’il veut communiquer avec son entourage ?

Si le chien a appris et assimilé qu’il doit se retenir pour se « vider » plus tard, au bon endroit, et s’il ne souffre d’aucune pathologie organique*, et que, malgré tout, il fait ses besoins dans la maison, c’est qu’il est dans un processus de marquage et de communication.

Certains chiens malpropres souffrent d’un problème de positionnement dans leur famille humaine. Un animal auquel on a abandonné la position de régulateur peut marquer ostensiblement l’habitation, généralement en présence de ses maîtres. Ce chien a l’habitude de décider de tout, il se déplace où bon lui semble, monte sur le canapé et en descend quand il le veut, mange en libre-service, dort sur le lit, obtient les caresses et l’attention qu’il souhaite, quand il le souhaite.

Pour ces chiens-rois, la thérapie se résume en une seule phrase : les propriétaires doivent redevenir les décideurs chez eux.

Une autre cause à envisager : son profil émotionnel

Des émotions intenses peuvent entraîner des émissions d’urine, voire des défécations. Les «pipis de joie» sont fréquents chez les chiots : on préconise de ne pas encourager ces débordements, d’en faire des non-événements. S’il s’agit d’un chien adulte, on se demandera si sa réponse est proportionnelle au stimulus : si oui, tout va bien. Si non, il va falloir apprendre au chien à gérer ses émotions. Des comportements auto-centrés, des plaies de léchage, des phobies viennent parfois compléter le tableau : l’unique voie est alors un long processus de thérapie comportementale encadrée par un professionnel.

La question de l’attachement excessif

Hyper-émotivité et ultra-sensibilité peuvent venir en symptômes d’un autre mal : l’hyper-attachement. Tout comme le fit la maman chien avec ses petits, les propriétaires vont devoir pratiquer un détachement, indispensable au bon équilibre psychique de l’animal. On conseille alors de limiter les contacts affectifs et d’en être toujours à l’initiative et, surtout, de dé-ritualiser les départs et les retours.

Quand l’hyper-attachement s’aggrave d’un problème lié à la solitude, on apprendra au chien à être seul même en présence de ses maîtres, par exemple en ne le laissant pas les suivre dans toutes les pièces. Il est primordial de comprendre qu’un chien qui est tout le temps collé à ses propriétaires va vivre leur absence comme un vrai déchirement : il va passer brutalement du tout-ensemble au tout-seul, source d’une terrible détresse émotionnelle.

Apprendre l’autonomie à son chien :

1) limiter les rituels de départ

2) limiter les rituels de retour

3) gérer les déplacements et les lieux de couchage du chien

4) limiter provisoirement les contacts affectifs et sociaux ET en être toujours à l’initiative

5) ne plus laisser le chien suivre les humains dans tous leurs déplacements


Des perturbations dans l’environnement

Des « détails » dans nos vies humaines peuvent aussi engendrer de véritables tsunamis affectifs chez nos chiens : un déménagement, un divorce, un bébé, une maladie sont autant d’événements à ne pas négliger.

De soudaines malpropretés, ou des régressions chez un chien qui a déjà exprimé des troubles de ce type, peuvent y trouver leur origine.

Une énergie non évacuée

Certains chiens étiquetés « malpropres » souffrent juste d’un surplus d’énergie. Toutes les races n’ont pas le même besoin d’activités physiques. Là où trois promenades calmes suffiront à un dogue allemand, plusieurs heures de course en liberté ne calmeront peut-être pas un border collie. En cas de manque d’actions à ce niveau-là, des malpropretés peuvent survenir.

Enfin, « last but not least », parlons de l’ennui... Car oui, nos chiens s’ennuient ! Ils passent de longues heures seuls, à nous attendre, à subir les aléas de nos vies de ministres. Pour passer le temps, ils se trouvent des occupations, pas toujours à notre goût !

Et si, faisant preuve de compassion, nous leur offrions de quoi s’amuser durant nos absences ? Un gros os de bœuf, un jouet rempli de friandises, des croquettes cachées dans l’habitation : ils oublient ainsi leur solitude, jouent, se dépensent intellectuellement, piquent même un petit somme entre deux résolutions d’énigmes.

En résumé, on peut dire que les problèmes de malpropretés tiennent à deux grandes familles de causes : un apprentissage de la propreté incomplet ou mal assimilé par le chien et une activité dite de « substitution » exprimant un mal-être ou une émotion forte.

Evidemment, un comportement étant rarement imputable à une seule cause, les possibilités peuvent s’additionner. Néanmoins, gardons toujours à l’esprit que les mictions et défécations ont aussi une valeur communicative : les chiens veulent nous faire passer un message. A nous de faire l’effort de les comprendre pour mieux vivre avec eux.



Marie Perrin et Laurence Bruder-Sergent



* Le marquage n’a rien à voir avec le vidage, qui est une nécessité biologique. Un chien qui se soulage en grosses flaques d’urine a très certainement un besoin physiologique à satisfaire, voire un problème organique : une visite chez le vétérinaire s’impose.

dimanche 26 mai 2013

Le chien en voiture

Prendre la voiture avec son chien : un acte « banal », parfois même quotidien, qui soulève pourtant un certain nombre de questions. Petit tour d’horizon du « bien se déplacer ensemble ».

Partir en vacances, en randonnée loin de chez soi, aller chez le vétérinaire ou rendre visite à des amis  : autant de moments où l’on peut être amené à prendre la voiture avec Médor. Si l’exercice semble naturel à certains chiens, d’autres, en revanche, vont devoir s’habituer à cet habitacle en mouvement.

Joyeux ou malade ?

Joyeux d’accompagner leur maître dans ses occupations du jour, ou contents d’une promesse de promenade, certains chiens montent sans rechigner dans la voiture, s’installent à leur place, laissant même, parfois, leur évident plaisir s’exprimer avec force vocalises. Mais pour d’autres, voyager sans être malade nécessite un long apprentissage. Ils sont peut-être traumatisés – leur premier trajet fut pour aller chez le vétérinaire –, ou tout simplement sujets au mal des transports.

Comment y remédier ? Pas à pas, sans forcer l’animal, en laissant par exemple le véhicule à l’arrêt, portes et coffre ouverts, qu’il puisse y entrer à sa guise. L’on pourra l’y nourrir ou y jouer avec lui, s’y installer soi-même pour lire ou écouter de la musique. Au début, il est conseillé de privilégier les courts trajets, avec balades ou moments heureux à la clé. L’on n’hésitera pas, en cas de voyage plus long, à faire des pauses très régulières pour que Médor puisse se soulager, boire et remettre son organisme d’aplomb. Enfin, réduire l’espace ou empêcher le chien de voir la route défiler peuvent l’aider à être moins nauséeux.

La voiture : un moyen de transport, pas un lieu de vie

La gaieté exprimée par Médor au moment de s’en aller avec son maître pour un petit tour en voiture ne doit pas faire oublier que celle-ci n’est qu’un moyen d’aller d’un point à un autre, qu’elle n’est en aucun cas un lieu de vie. Ce n’est en effet pas parce qu’un chien accepte ou apprécie la voiture qu’il doit y rester des heures.


 la voiture, un moyen de déplacement, pas un lieu de vie !
(Photo Marie Perrin)


Le photographe britannique Martin Usborne s’est intéressé aux chiens laissés seuls dans des voitures. Ses clichés, d’une rare expressivité, ont été exposés du 19 mars au 27 avril à la Little Black Gallery de Londres sous le titre «The Silence of Dogs in Cars». Martin Usborne explique ainsi son travail : «J'ai été une fois laissé seul dans la voiture quand j'étais enfant (…), l'énorme peur que personne ne revienne, cette peur d'être seul, sans voix, est restée présente tout au long de mon enfance». Puis il évoque «le verre de la fenêtre de la voiture qui isole davantage l'animal. Le chien est vraiment pris au piège».

Pris au piège de manière mortelle, certains chiens le sont : chaque été entraîne son lot de victimes, abandonnées en plein soleil par des propriétaires inconscients. En quelques minutes, un véhicule se transforme en véritable four : le coup de chaleur, fatal, guette l’animal même en cas de courte absence. Ainsi, chaleur et déshydratation constituent, pour le chien, des ennemis redoutables : à nous d’y être vigilants, y compris dans les embouteillages ou en l’absence de climatisation.

La sécurité du chien en voiture

Il ne viendrait à l’idée de personne de ne pas attacher un enfant avant de prendre la route. Il fut un temps, pas si lointain, où ce n’était néanmoins pas la règle. Du côté des chats, la boîte de transport semble faire consensus. Peut-être parce qu’il est difficile d’empêcher un félin de vadrouiller pendant le trajet ou de sortir dès qu’une portière s’ouvre. Mais concernant les chiens, l’idée même de sécurité semble n’avoir pas encore fait complètement son chemin : combien de chiens ne voit-on pas sur les plages arrière, sur les sièges, voire sur les genoux d’un passager ? Quant à la cage, elle oppose farouchement les « pros » et les « antis ».

En 2008, l’ADAC, l’Automobile club allemand, a réalisé une série de crash test. Les résultats sont aussi terribles qu’éloquents. Un animal couché sur une plage arrière ou laissé libre dans l’habitacle voit son poids multiplié par 25 en cas de choc à 50 km/h. On imagine aisément les dégâts, aussi bien pour lui que pour les passagers qu’il percuterait. Deux équipements assurent une sécurité maximale : la grille (et non pas le filet) de séparation, par exemple placée entre le coffre et le reste de la voiture, et la cage de transport, installée dans le coffre ou, pour un petit chien (ou un chat), au sol derrière les sièges avant. Evidemment, la cage doit garantir un confort optimal au chien (et ne doit donc pas être trop exiguë).

Du côté de la loi, rien n’est vraiment explicite. Néanmoins, aussi bien en Belgique qu’en France ou en Suisse, il est stipulé que l’animal, comme tout chargement, ne doit pas gêner le conducteur. Ainsi, qui n’a pas pris toutes ses précautions est susceptible d’être verbalisé. Autant le savoir pour éviter désagréments et mauvaises surprises !

Marie Perrin