mercredi 7 août 2013

L'enrichissement environnemental

Enrichir le milieu de vie de nos chiens...

Membres à part entière des familles d’aujourd’hui, les chiens ont vu leur vie, et leur statut, se modifier considérablement au cours des dernières décennies : naguère chiens de travail, au même titre qu’un cheval ou qu’un bœuf, ils sont devenus des animaux choyés, dont nous pensons combler tous les désirs. A tort. En effet, il leur manque souvent l’essentiel : des activités, des interactions, des sollicitations. Bien que nous prétendions penser à leur bien-être, nous les laissons seuls, frustrés, stressés et insatisfaits, plongés dans l’ennui le plus profond. Un enrichissement du milieu peut les apaiser et ainsi soigner les troubles comportementaux nés de leur inconfort.
 
«Le Petit Larousse» définit la cognition comme l’«ensemble des structures et activités psychologiques dont la fonction est la connaissance, par opposition aux domaines de l’affectivité».  Sara Shettleworth, professeur de psychologie et de zoologie à l’université de Toronto, parle de la cognition animale comme de la «manière dont les animaux perçoivent le monde, apprennent, se souviennent, cherchent de la nourriture ou un partenaire, communiquent et s’orientent»*.
 
Encourager et développer les capacités cognitive des animaux
 
L’enrichissement du milieu regroupe tous les enrichissements qui tendent à encourager et développer les capacités cognitives des animaux. Il est très utilisé pour réduire le stress et le mal-être des animaux captifs, notamment les primates. De nombreux parcs zoologiques ont ainsi mis en place des programmes visant à améliorer les conditions de détention de certaines espèces ** : les otaries cherchent leur nourriture dans des blocs de glace, les singes dans des tubes à tourner ou des termitières***. L’ajout de divers substrats (arbres, végétation, terre), l’apport de jouets (roues ou grilles à escalader pour les rongeurs), des contacts positifs avec les soigneurs, par le biais notamment du renforcement positif (conditionnement opérant), sont autant de moyens de rendre la captivité moins pénible aux animaux.
 
Un stress intense et durable
 
Evidemment, tout ceci est applicable au chien de compagnie ! Rappelons-le, la plupart des chiens passent de longues heures seuls, sans aucun compagnie, à attendre le retour de leur maître. Ils s’ennuient, ne peuvent pas se défouler et développent des troubles directement liés à leur mode de vie. Malpropretés, destructions, vocalises, léchages compulsifs, stéréotypies, pica : autant de symptômes d’un stress intense et durable, qu’il est pourtant possible de limiter grâce à un enrichissement environnemental et à une prise en compte des vrais besoins (cognitifs et éthologiques) des chiens.

Les sites spécialisés dans les animaux de compagnie proposent tous à la vente des balles à friandises, dans lesquelles on peut cacher une partie de la ration quotidienne du chien. Celui-ci s’amusera à les faire tomber de l’objet : il lui faudra réfléchir, trouver la solution à un problème, cela lui passera le temps et le fatiguera. Et après son repas, il piquera un somme bien mérité ! La journée lui paraîtra ainsi moins longue, et il aura entretenu et entraîné ses capacités de réflexion.

Les activités ludiques : des moments essentiels au bien-être de nos chiens
(Photo Marie Perrin)


Il est aussi possible de construire soi-même ses distributeurs à friandises : un peu d’imagination et le tour est joué ! Une bouteille vide dans laquelle on a placé des croquettes, un bac rempli d’objets divers et variés dans lequel on cache des friandises, ou des croquettes disséminées adroitement dans les pièces de vie de l’animal : autant de joujoux pas chers qui ne demandent qu’à être revisités au gré des imaginations ****.
 
Le monde idéal du chien heureux
 
Bien sûr, il conviendra d’octroyer au chien autant de sorties que nécessaire. Certains individus ont un potentiel spécifique d’activité élevé, d’autres non : chaque propriétaire connaît son chien, et sait donc quelles durées de promenade quotidiennes lui sont indispensables. Ces sorties peuvent être l’occasion de rencontres avec des congénères : une activité indispensable car le chien pourra ainsi développer, entretenir et enrichir ses capacités de communication. Dans le monde idéal du chien heureux, la solitude n’existerait d’ailleurs pas : chaque chien vivrait avec un autre chien, et pourrait ainsi assouvir à sa convenance ses besoins interactionnels.
 

Enfin, le relationnel avec le maître a lui aussi toute son importance : il suffit de trouver ce qu’aime le chien pour se diriger vers une activité ludique qui lui permettra d’apprendre (par conséquent de solliciter ses facultés cognitives), tout en nouant avec son propriétaire un lien plus fort. Obérythmée, canicross, agility, frisbee : loin de toute recherche de performance, quelques exercices quotidiens suffiront souvent au bonheur de Médor. Grâce au renforcement positif ou au travail au clicker training, le chien pourra ainsi mobiliser son intellect. Tout comme avec les jouets dits « éducatifs »,  du type de ceux conçus et développés par la Suédoise Nina Ottoson.
 

Marie Perrin


* Sara J Shettleworth, Cognition, Evolution and Behaviour, Oxford University Press, 2009.
** Tout particulièrement les espèces au comportement exploratoire intense, qui souffrent donc plus de la captivité et de leur environnement monotone et limité.
*** Pour plus d’informations sur l’enrichissement environnemental chez les primates, se référer à ce site : http://www.gaep.eu/index.php
*** Attention de bien valider préalablement que le chien n’ingère pas de substances non comestibles.

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