Une étude récente,
menée à l’université de Sydney (Australie) par le docteur Melissa Starling, a
permis de mettre en évidence que les chiens, comme les êtres humains, peuvent
être plutôt optimistes, ou plutôt pessimistes. Gros plan.
Passionnée par la faune sauvage, le docteur Melissa Starling
a d’abord travaillé sur les oiseaux avant de se tourner vers un sujet d’étude
plus familier : le chien, son « hobby » depuis sa prime enfance.
Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, mais aussi dans des articles et
sur ses différents sites, la jeune femme explique de quelle manière elle a mené
son expérience.
Elle a d’abord sélectionné une quarantaine de chiens de
toutes races, issus de divers horizons, âgés de plus de 1 an et de moins de 8
ans (pour éviter les biais liés à l’immaturité ou à la sénilité). Certains étaient
des chiens de compagnie, d’autres des chiens d’assistance ou de sécurité. Elle
les a ensuite conditionnés : à un certain son, les chiens apprenaient à
associer une récompense sous forme de lait sans lactose, à un autre son de l’eau,
toute simple, et donc guère appétissante. Puis elle leur a donné à entendre un
son ambigu, entre les deux sons que les chiens avaient appris à reconnaître. Certains
chiens du groupe ont aussitôt pensé qu’il s’agissait du son « lait »,
d’autres au contraire ont réagi de manière « pessimiste », en
imaginant que le son annonçait « juste » de l’eau. Melissa Starling a
ainsi pu isoler des chiens « optimistes » d’un côté, et des « pessimistes »
de l’autre, des chiens qui, dans le doute, pensent que tout va bien, et d’autres
qui, à l’inverse, s’inquiètent pour des broutilles.
Les possibles applications d’une telle
découverte
Melissa Starling explique que les chiens optimistes sont plus
enclins à prendre des risques, car ils espèrent toujours que quelque chose de
bon va leur arriver. Ils ne sont pas fragiles et peuvent plus facilement dépasser
les événements négatifs. A contrario, les chiens pessimistes hésitent à s’engager,
ils sont plus frileux, moins entreprenants. La nouveauté les effraye. L’intérêt
d’une telle découverte, c’est notamment d’imaginer pouvoir sélectionner
certains profils de chiens pour des tâches définies, en quelque sorte confier le
bon « job » au bon individu. Ainsi, un chien trop optimiste, donc
trop enclin à prendre des risques, peut s’avérer problématique comme chien
guide d’aveugle...
Aller plus loin…
Melissa Starling va plus loin, car elle pense qu’il est
également possible d’aider les chiens pessimistes à être plus optimistes. Se
pose évidemment la question de l’impact du vécu du chien dans sa « nature »
d’optimiste ou de pessimiste. L’on sait par exemple que, chez l’être humain, l’optimisme
ou le pessimisme sont influencés par l’état émotionnel de l’individu. Et des
études portant notamment sur des rats et des étourneaux ont démontré que les
animaux sont plus enclins à l’optimisme lorsqu’ils éprouvent un sentiment
positif. Il semblerait que les chiens qui souffrent d’anxiété de
séparation, par exemple, soient plus pessimistes que les autres. Tout comme les
singes macaques affectés de stéréotypies, donc de stress, eux aussi plus
pessimistes que les autres.
Mélissa Starling espère que ses travaux permettront de
travailler plus précisément sur la personnalité des chiens. De l’étudier et de
l’analyser de manière plus objective et plus scientifique. Même si, évidemment,
aucun propriétaire de chien lambda n’en doute : Médor a sa propre
personnalité, il a de l’allant ou de la réserve, il ose ou reste en retrait, il
se réjouit facilement ou, au contraire, a besoin qu’on l’aide parfois à sortir
de sa coquille.
Marie
Perrin
Article à paraître dans la revue suisse «Chien magazine»
Une
vidéo dans laquelle Melissa Starling parle de son étude et de ses conclusions :
https://www.youtube.com/watch?v=wF8km4rk4GU&feature=youtu.bePour voir l'appareil mis au point par Melissa Starling :
https://www.youtube.com/watch?v=KQUnbbbV5Tw