Nombre de binômes
maître-chien sont mal assortis. Une erreur qui peut avoir des conséquences
catastrophiques : difficultés relationnelles, troubles comportementaux et
parfois, au bout, un abandon, voire une euthanasie en cas de conduites
agressives. On ne le répètera jamais assez : un animal n’est pas un objet,
n’en déplaise au législateur, et l’adoption d’un chien doit être un acte
réfléchi. Mais quelles questions se poser pour faire le bon choix ?
Tout d’abord,
il faut avoir conscience qu’en moyenne, nos chiens de compagnie ont une
espérance de vie d’une dizaine d’années, moins pour les races géantes, beaucoup
plus pour certaines petites races (ou petits croisés). Durant cette décennie,
il vous faudra promener votre chien, malgré la pluie, la nuit et le vent, le défouler, lui
consacrer du temps, l’éduquer aussi, et évidemment penser aux vacances (l’emmener
avec soi ? trouver un mode de garde adapté ?) : autant de contraintes
que vous devez absolument prendre en considération. Si vous passez 60 heures
par semaine au travail, que vous êtes toujours entre deux trains ou deux
avions, que vous n’aimez rien tant que lire votre journal devant la télé ou que
vous détestez les activités nature, abandonnez tout de suite l’idée de prendre
un chien…
Deuxième étape :
vous pensez avoir toutes les qualités requises pour accueillir un chien chez
vous. Vous êtes tonique, aimez vous promener, travaillez à domicile ou, au
moins, avez la possibilité de rentrer à la pause déjeuner bref, tout semble se
conjuguer favorablement. Mais voilà, ce serait votre tout premier chien… est-ce
rédhibitoire ? Eh bien non, à condition, évidemment, de vous informer
préalablement. Le chien nous est si familier que chacun pense savoir ce qu’il
est, comment s’en occuper, le dresser, vivre avec lui. Et bien souvent, toutes
ces croyances populaires sont à mille lieues de la réalité éthologique de
l’animal. Donc finalement, votre prétendue « incompétence » en la
matière est peut-être votre principal atout ! N’hésitez pas à faire appel
à un comportementaliste, qui vous délivrera quelques conseils pour partir du
bon pas, et de la bonne patte dans votre vie à deux ! Un peu de lecture –
le même comportementaliste pourra vous fournir une petite bibliographie -, et
le tour sera joué !
Vient ensuite le moment du choix de son animal. L’important, que l’on opte pour un chien de
race ou pour un bâtard, pour un chiot d’élevage ou pour un chien de refuge,
c’est de s’assurer que votre mode de vie s’adaptera au tempérament de votre
futur compagnon. Attention, car contrairement aux idées reçus, la taille ne
fait pas tout : un Jack Russel, race ô combien prisée, notamment dans les
grandes agglomérations urbaines, est infiniment plus tonique qu’un dogue
allemand ! Prenez le temps de vous renseigner sur les besoins des races qui
vous plaisent et évitez de ne craquer que sur certains détails physiques –
chien à la mode, couleur des yeux, apparence générale. Vous aimeriez bien un
braque de Weimar, mais vous habitez en centre-ville, ne goûtez pas les sports
canins et adorez les chiens plutôt tranquilles ? Vous risquez de faire son
malheur… et le vôtre par la même occasion ! Les comportementalistes le
savent bien, qui interviennent si souvent auprès de propriétaires de borders
collies débordés…
Si vous choisissez d’adopter votre chien dans un refuge, faites tout simplement
confiance aux bénévoles qui s’occupent de lui : eux seuls, ainsi que les
professionnels qui ont soigné et évalué l’animal, peuvent vous apporter les
réponses adaptées. Ils connaissent le profil émotionnel, les qualités et
capacités, les niveaux individuels d’énergie des chiens qu’ils accueillent.
S’ils vous conseillent un animal, laissez-vous guider…
Enfin, si
vous décidez d’acquérir un chiot, de race ou pas, faites bien attention à
l’endroit où vous le cherchez. Ainsi, si vous habitez en rase campagne, évitez
de choisir un chiot qui aurait grandi en ville, dans un milieu extrêmement
stimulant. L’inverse est vrai, évidemment, mais vous vous en apercevrez plus
vite : un chiot qui a grandi loin de tout, dont on a négligé la
familiarisation, souffrira le martyre (et ses maîtres avec !) lorsqu'il sera immergé dans un environnement urbain. Il aura peur de tout, semblera
incapable de s’adapter à la moindre nouveauté, sera hautement stressé. Renseignez-vous aussi sur le tempérament des parents de votre
futur chiot et n’hésitez pas à vous fier à ce que votre instinct vous souffle.
Et dans tous les cas, au moindre doute, à la
moindre anicroche, à la moindre difficulté, n’hésitez surtout pas à vous faire
aider : des éducateurs et comportementalistes compétents sont là pour
répondre à vos interrogations, quelles qu'elles soient…
Marie Perrin