Les destructions sont liées à un
mal-être de l’animal : par ce biais, il rétablit l’équilibre, s’apaise et
se rassure, réduit son niveau de stress. Néanmoins, contrairement aux
apparences, toutes les destructions ne sont pas à mettre sur le même plan.
Toutes les destructions ne se valent pas
Ce qu’un chien détruit nous
renseigne en effet sur ce qui lui fait souci. Ainsi, certains objets sont
chargés des odeurs des êtres d’attachement, comme les chaussons ou les
vêtements, tandis que d’autres sont « juste » appétissants, car
remplis de bons restes ménagers, comme la poubelle. D’autres enfin font « réaction
» : le mur s’effrite quand on le gratte, la tapisserie s’arrache sous les
coups de dents et de crocs, ça occupe et c’est rigolo. Quant à la porte d’entrée,
c’est par là que l’on entre et que l’on sort, par là que sont partis les maîtres
tant-aimés, laissant Médor seul et abandonné… triste et malheureux…
Entre ennui et hyper-attachement
Tout comme les malpropretés ou
les vocalisations, les destructions peuvent trouver leur origine dans diverses
causes, parfois mêlés et additionnées les unes aux autres. Tout d’abord l’ennui :
nos chiens ne savent pas comment occuper leurs journées. Pour leur éviter la
neurasthénie, plusieurs possibilités s’offrent à nous : leur donner des
jouets spécifiques ou des stimulations mentales, de quoi mâchonner,
faire appel aux services d’un promeneur de chien si l’absence doit être trop
longue, et, évidemment, permettre au chien de se défouler et de se dépenser
avant et après les absences. Tous les individus n’ayant pas le même potentiel
spécifique d’activité, chaque maître devra déterminer ce dont son chien a
besoin, et s’organiser pour pouvoir lui donner ce qu’il lui faut. Un chien baladé
90 minutes au saut du lit sera plus enclin à se rendormir qu’à chercher une
occupation, de préférence incongrue…
Certains chiens n’ont par
ailleurs pas appris la solitude. Pour un animal social comme canis lupus familiaris, la solitude n’est
pas naturelle. Et certains individus ont plus de mal à l’accepter que d’autres.
La présence d’un congénère peut aider à supporter l’absence quotidienne des
propriétaires, mais pas forcément. Car parfois, à deux, on peut faire quatre
fois plus de bêtises ! Il est également conseillé de changer le rituel autour des départs et des retours, l'idéal étant l'ignorance de l'animal une vingtaine de minutes avant de s'en aller, et une ignorance des éventuelles agitations lorsque l'on rentre (on ne s'intéresse à Médor que quand il s'est calmé, lui signifiant par là que rien de grave ne s'est passé).
Ce problème
se complique souvent d’un hyper-attachement : parce qu’ils ne s’en rendent pas
compte, ou par culpabilité latente, les propriétaires laissent leur animal « collé »
à eux lorsqu’ils sont à la maison : cela part certes d’un bon sentiment (encore
que cela se discute), mais renforce le profond malaise du chien. Du tout en
présence de ses humains, il passe subitement à un vide abyssal qui lui cause souffrances et angoisses. Ne pas laisser Médor vous suivre partout, avoir des pièces
interdites, le laisser en quelque sorte seul même quand vous êtes à la maison,
peut aider à ce détachement. De la même façon, il est préconisé d'ignorer
les demandes d’interactions de votre chien afin d’en être systématiquement à
l’initiative. Enfin, passé les premiers mois de vie en commun, où l’on
peut (à mon sens, où l'on doit) garder le chiot à proximité de soi la nuit, il sera sans doute
judicieux d’octroyer à Médor un coin à lui où dormir, hors des chambres des
humains.
La force des apprentissages…
Il convient par ailleurs de ne pas négliger
les apprentissages faits par Médor : si gratter le papier peint lui
apporte un grand réconfort, il est fort à parier qu’il reproduira l’expérience.
Le renforcement peut venir involontairement des propriétaires, qui lui
accordent de l’attention lorsqu’il détruit un objet : Médor sait désormais
que cette action lui est bénéfique, il pourra la reproduire ultérieurement,
jusqu’à ce qu’elle devienne une habitude rassurante et calmante. Enfin, avoir un chien devrait nous inciter
au rangement : une poubelle laissée dans la même pièce qu’un chien lui
appartient. C’est aussi simple que ça ! On ne peut pas lui en vouloir de s’être
sustenté !
A contrario, une pièce quasiment vide n’incite pas autant à la délinquance canine,
surtout si ce vide est compensé par des jouets judicieusement choisis. En restreignant au début l’espace, et en veillant à tout mettre hors
de portée des crocs de l’animal, l’on pourra peu à peu le guider sur la voie d’un
mieux vivre ensemble. A la place d’apprendre des « mauvais » comportements,
le chien intègrera d’autres manières de s’occuper. Et si, malgré toutes ces
préconisations, votre Médor adoré continue de saccager votre intérieur en votre
absence, c’est que l’aide d’un professionnel est devenue plus qu’urgente !
Marie Perrin
Prochainement sur ce blog : mon chien détruit tout en ma présence…