Dans le langage populaire, et pour la plupart des gens, comportementalisme
et éducation se confondent, sont une seule et même discipline. Pourtant, l'on
peut être comportementaliste et pas éducateur, éducateur et pas
comportementaliste. On peut aussi être comportementaliste et éducateur et,
évidemment, ni l'un ni l'autre ! Car en réalité, les deux métiers, s'ils se
rejoignent et se complètent, ne visent pas du tout les mêmes buts et ne
répondent pas aux mêmes attentes. Décryptage.
A quoi sert le comportementaliste ?
Normalement, le
comportementaliste a été formé à l’analyse systémique d’une situation. C’est-à-dire
qu’il s’intéresse à la relation entre les différents membres de la famille
humains-chiens, le « système ». Appelé lorsqu’un chien présente des
troubles du comportement, qu’il s’agisse de destructions, de malpropretés, de
conduites agressives ou de vocalisations excessives, le comportementaliste
tentera d’en cerner et d’en isoler les causes. Par exemple, pour les
malpropretés, il se demandera si celles-ci ont lieu en présence ou en absence
des propriétaires, vérifiera si l’animal est suffisamment promené et dépensé,
demandera aux maîtres comment ils ont appris la propreté à leur chien, se
penchera également sur ses conditions d’élevage et de développement précoce. Par le biais d’un questionnaire le plus précis possible, sorte d’enquête policière, il remontera ainsi aux sources potentielles des
troubles.
Ensuite, il mettra en place des stratégies qui passeront par une
réorganisation du système tout entier, autrement dit des relations entre les
différents individus - ce qui aura souvent un impact sur le quotidien du chien. Le comportementaliste s’adapte
également à l’animal qu’il rencontre, et vise son bien-être physiologique et
émotionnel. Il a un rôle pédagogique dans la mesure où il explique aux
propriétaires pourquoi leur animal se comporte de la sorte, et leur souligne
les limites de la thérapie entreprise : ainsi, il prendra toujours en
considération CET animal précis qui se trouve en face de lui, et tentera de
faire comprendre aux maîtres que, dans une certaine mesure, ils vont devoir
accepter qui il est, et faire avec certains de ses comportements. Un chien de
chasse qui aboie beaucoup est peut-être agaçant, mais il serait illusoire, et
cruel, de vouloir le faire changer : les humains, à force de sélection, l’ont
créé tel qu’il est. On ne veut pas de chien aboyeur ? Il existe des races
silencieuses, il fallait se renseigner avant l’achat ou l’adoption de l’animal…
A quoi sert l'éducateur ?
L’éducateur lui, comme son
nom l’indique, aide les propriétaires à éduquer leurs chiens. Il recherche l'obéissance du chien à des ordres simples ou complexes. Certains professionnels,
formés en éthologie et respectueux de leurs élèves à quatre pattes, se focalisent
exclusivement sur les ordres utiles, mettant de côté le refus d’appât et autres
lubies du même acabit. Le but de l'éducateur est finalement que tous les chiens, quels que
soient leurs origines, caractère, race ou vécu, puissent parvenir au même
résultat (assis, couché, debout, pas bouger, viens au pied, etc). L'éducateur transmet des techniques, un savoir-faire, une manière de conditionner un animal. Qu'il travaille en renforcement positif, en clicker training ou de manière plus traditionnelle, c'est donc toujours l'obéissance de l'animal qui est en jeu. Plus précisément, l'éducateur oeuvre pour que le chien puisse se plier aux règles et contraintes de la vie en société humaine. Ainsi, de très nombreux propriétaires font appel à un éducateur parce que leur chien ne revient pas au rappel ou qu'il tire à la
laisse. Mais pas uniquement... Car dans certains cas, l'éducation vient compléter le comportementalisme, et vice-versa.
Comment les deux métiers se complètent-ils ?
Restons dans l’exemple du chien qui tire en laisse. Les propriétaires
pourront peut-être venir à bout de cette mauvaise habitude grâce à un bon éducateur. Mais
peut-être pas ! En effet, derrière cet affolement du chien à aller à toute allure
là où sa truffe le mène, se cachent peut-être un souci plus général d’excitabilité
et de mauvaise gestion émotionnelle, ou un non-respect, de la part des
propriétaires, du niveau individuel d’énergie de leur animal. Un braque
allemand, laissé seul toute la journée et promené deux fois 15 minutes par jour,
sera forcément une pile ingérable, qui tirera de toutes ses forces sur sa
laisse. Aucun apprentissage ne permettra de le «rééduquer» : il faudra
faire comprendre aux propriétaires que leur chien a besoin de beaucoup plus se
défouler, et que deux heures de balade en liberté ne sont pas de trop pour lui. Ceci étant du ressort du comportementaliste...
A l’inverse, un comportementaliste appelé pour des
conduites agressives, ou pour des peurs et des phobies, aura très certainement besoin de référer son client à un
éducateur canin (sauf s'il est lui-même éducateur). Car seul un éducateur saura encadrer les séances individuelles permettant, à
terme, d’améliorer ou de résoudre les difficultés de l’animal et de son maître.
Habituation et désensibilisation nécessitent, en effet, un accompagnement personnalisé, et sur la durée. Une unique consultation de comportementalisme est rarement suffisante. Il faut aller sur le terrain, en situation, et montrer au propriétaire les gestes à faire ou à ne pas faire.
Enfin, bien sûr, nous ne saurions passer sous silence que tous les chiens ont
besoin de contacts réguliers et positifs avec des congénères : les cours
collectifs avec lâchers de chiens, tels qu’ils sont pratiqués par les bons
éducateurs et les comportementalistes-éducateurs, sont l’un des moyens de
donner à son animal ce dont il a le plus besoin pour être bien dans ses coussinets : des relations sociales !
Marie Perrin
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