mardi 7 octobre 2014

Comportementaliste ou Educateur ?


Dans le langage populaire, et pour la plupart des gens, comportementalisme et éducation se confondent, sont une seule et même discipline. Pourtant, l'on peut être comportementaliste et pas éducateur, éducateur et pas comportementaliste. On peut aussi être comportementaliste et éducateur et, évidemment, ni l'un ni l'autre ! Car en réalité, les deux métiers, s'ils se rejoignent et se complètent, ne visent pas du tout les mêmes buts et ne répondent pas aux mêmes attentes. Décryptage.

A quoi sert le comportementaliste ?

Normalement, le comportementaliste a été formé à l’analyse systémique d’une situation. C’est-à-dire qu’il s’intéresse à la relation entre les différents membres de la famille humains-chiens, le « système ». Appelé lorsqu’un chien présente des troubles du comportement, qu’il s’agisse de destructions, de malpropretés, de conduites agressives ou de vocalisations excessives, le comportementaliste tentera d’en cerner et d’en isoler les causes. Par exemple, pour les malpropretés, il se demandera si celles-ci ont lieu en présence ou en absence des propriétaires, vérifiera si l’animal est suffisamment promené et dépensé, demandera aux maîtres comment ils ont appris la propreté à leur chien, se penchera également sur ses conditions d’élevage et de développement précoce. Par le biais d’un questionnaire le plus précis possible, sorte d’enquête policière, il remontera ainsi aux sources potentielles des troubles.

Ensuite, il mettra en place des stratégies qui passeront par une réorganisation du système tout entier, autrement dit des relations entre les différents individus - ce qui aura souvent un impact sur le quotidien du chien. Le comportementaliste s’adapte également à l’animal qu’il rencontre, et vise son bien-être physiologique et émotionnel. Il a un rôle pédagogique dans la mesure où il explique aux propriétaires pourquoi leur animal se comporte de la sorte, et leur souligne les limites de la thérapie entreprise : ainsi, il prendra toujours en considération CET animal précis qui se trouve en face de lui, et tentera de faire comprendre aux maîtres que, dans une certaine mesure, ils vont devoir accepter qui il est, et faire avec certains de ses comportements. Un chien de chasse qui aboie beaucoup est peut-être agaçant, mais il serait illusoire, et cruel, de vouloir le faire changer : les humains, à force de sélection, l’ont créé tel qu’il est. On ne veut pas de chien aboyeur ? Il existe des races silencieuses, il fallait se renseigner avant l’achat ou l’adoption de l’animal…

A quoi sert l'éducateur ?

L’éducateur lui, comme son nom l’indique, aide les propriétaires à éduquer leurs chiens. Il recherche l'obéissance du chien à des ordres simples ou complexes. Certains professionnels, formés en éthologie et respectueux de leurs élèves à quatre pattes, se focalisent exclusivement sur les ordres utiles, mettant de côté le refus d’appât et autres lubies du même acabit. Le but de l'éducateur est finalement que tous les chiens, quels que soient leurs origines, caractère, race ou vécu, puissent parvenir au même résultat (assis, couché, debout, pas bouger, viens au pied, etc). L'éducateur transmet des techniques, un savoir-faire, une manière de conditionner un animal. Qu'il travaille en renforcement positif, en clicker training ou de manière plus traditionnelle, c'est donc toujours l'obéissance de l'animal qui est en jeu. Plus précisément, l'éducateur oeuvre pour que le chien puisse se plier aux règles et contraintes de la vie en société humaine. Ainsi, de très nombreux propriétaires font appel à un éducateur parce que leur chien ne revient pas au rappel ou qu'il tire à la laisse. Mais pas uniquement... Car dans certains cas, l'éducation vient compléter le comportementalisme, et vice-versa.


Comment les deux métiers se complètent-ils ?

Restons dans l’exemple du chien qui tire en laisse. Les propriétaires pourront peut-être venir à bout de cette mauvaise habitude grâce à un bon éducateur. Mais peut-être pas ! En effet, derrière cet affolement du chien à aller à toute allure là où sa truffe le mène, se cachent peut-être un souci plus général d’excitabilité et de mauvaise gestion émotionnelle, ou un non-respect, de la part des propriétaires, du niveau individuel d’énergie de leur animal. Un braque allemand, laissé seul toute la journée et promené deux fois 15 minutes par jour, sera forcément une pile ingérable, qui tirera de toutes ses forces sur sa laisse. Aucun apprentissage ne permettra de le «rééduquer» : il faudra faire comprendre aux propriétaires que leur chien a besoin de beaucoup plus se défouler, et que deux heures de balade en liberté ne sont pas de trop pour lui. Ceci étant du ressort du comportementaliste...

A l’inverse, un comportementaliste appelé pour des conduites agressives, ou pour des peurs et des phobies, aura très certainement besoin de référer son client à un éducateur canin (sauf s'il est lui-même éducateur). Car seul un éducateur saura encadrer les séances individuelles permettant, à terme, d’améliorer ou de résoudre les difficultés de l’animal et de son maître. Habituation et désensibilisation nécessitent, en effet, un accompagnement personnalisé, et sur la durée. Une unique consultation de comportementalisme est rarement suffisante. Il faut aller sur le terrain, en situation, et montrer au propriétaire les gestes à faire ou à ne pas faire.

Enfin, bien sûr, nous ne saurions passer sous silence que tous les chiens ont besoin de contacts réguliers et positifs avec des congénères : les cours collectifs avec lâchers de chiens, tels qu’ils sont pratiqués par les bons éducateurs et les comportementalistes-éducateurs, sont l’un des moyens de donner à son animal ce dont il a le plus besoin pour être bien dans ses coussinets : des relations sociales !


Marie Perrin

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