Médor
s’est approprié la gamelle du chat et gronde dès que quiconque passe à
proximité. Hier, c’était la table du salon qu’il avait faite sienne et,
avant-hier, le sac à main de sa propriétaire. A quoi cela correspond-il, et que
peut-on faire pour y remédier ?
L’action
de garder, de veiller, de surveiller est inscrite dans le comportement de canis
lupus familiaris, encouragée même dans certaines races par la sélection
génétique. Ne s’enorgueillit-on pas d’avoir un doberman particulièrement bon
gardien ? Mais là où certains chiens, avec mesure, se contentent de protéger
les troupeaux, les jardins et les propriétés – comportements évidemment
encouragés par leurs humains -, d’autres font du zèle et se mettent à veiller
sur des objets insolites, voire sur leurs humains.
Certains s’installent ainsi au
pied du sapin et des cadeaux de Noël, tandis que d’autres ne laissent plus
personne s’approcher de la porte d’entrée. Mon expérience de
comportementaliste m’a ainsi amenée à côtoyer des chiens qui gardaient les
pieds de leurs propriétaires, leur propre vomi ou le bébé de la famille. Le risque majeur : des morsures sur humains, ainsi que des bagarres avec d’autres chiens.
Tout ranger !
La
priorité, avec ces chiens susceptibles sur les ressources, c’est de tout ranger.
De ne rien laisser traîner que le chien puisse ravir. La deuxième étape, c’est bien
sûr de travailler sur le relationnel, sur le système qu’il forme avec ses
maîtres. Un cadre rassurant doit permettre peu à peu d’apaiser cet animal
inquiet, anxieux. On le fera manger tranquillement dans une pièce à part, sans
jamais l’ennuyer, on le laissera dormir tout son soûl sur la place qu’on lui
aura attribuée, sans lui laisser la possibilité de se choisir lui-même un autre
endroit de repos.
Une
troisième étape pourra être de lui apprendre à donner, à rendre, par le prisme
du jeu. Ainsi, troquer une balle contre une autre au cours de séances ludiques.
Le but est certes qu’il apprenne l’ordre « donne », mais surtout qu’il
ne se sente plus menacé sur ses possessions, qu’il sache que rien ne lui est jamais
ôté de force, mais que s’il rend de bonne grâce, il se verra gratifié d’un
bonheur encore plus intense. Travailler le calme et la complicité, devenir un
leader qui inspire la confiance : telle sera la quatrième étape de la
thérapie…
Combler le niveau individuel d'énergie (NIE)
Les propriétaires veilleront également à bien défouler leur chien, à lui
donner des activités physiques et mentales, afin de pouvoir lui demander
ensuite, à la maison, de se plier aux règles établies sans éprouver d’inconfort.
Rappelons que chaque chien possède un niveau individuel d’énergie, ou NIE, qu’il
faut absolument combler sous peine de voir apparaître des troubles du comportement
– et garder intempestivement les ressources en fait partie.
Enfin,
si malgré toutes les précautions, un conflit s’amorce autour d’une ressource,
comment faut-il réagir ? En tous les cas, pas par la force. C’est
le meilleur moyen de se faire mordre ! Un chien qui grogne prévient qu'il veut
éviter le conflit. On pourra tenter diverses approches : un bruit pour
détourner son attention, avec une contre-proposition dans la foulée, sortir
la laisse et le harnais, pourquoi pas
jouer avec une balle qu’il aime à quelques mètres de lui. Cela suffira peut-être
à le distraire de son gardiennage inopportun, le tout de manière positive et non violente.
Dernier point, si vous êtes confronté à ce genre de situation, il ne faudra pas
hésiter à vous faire aider par un professionnel, qui pourra plus facilement
remonter à la source du problème afin de mettre en place les stratégies les plus
adaptées…
Marie
Perrin
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