jeudi 12 mars 2015

Mon chien a peur : pourquoi, et que faire ?

Les pétards, la foule, l’orage, les bruits de la ville, certains humains, voire les autres chiens : certains chiens, à l’instar des humains, ont peur de tout. D’autres en revanche n’ont peur de rien. Mais qu’est-ce que la peur ? D’où vient-elle ? Et comment aider un animal envahi par la peur, voire des peurs ? Réponses.
 
La peur est une émotion vitale, directement liée à la survie. Soudain saisi par la peur, l’animal mobilise toutes ses ressources pour fuir ou pour affronter le danger. Si certaines peurs sont innées, comme la peur du vide, du feu ou de l’inconnu, d’autres sont acquises, directement liées à l’individu lui-même, à son développement, à son tempérament, à ses expériences et à son environnement.
 
Les peurs ataviques sont propres à chaque espèce. Elles résultent d’un lent processus d’évolution, au cours duquel les individus présentant ces peurs, plus aptes à la survie, ont été sélectionnés. «La peur est un bénéfice adaptatif qui permet probablement à certaines espèces de pouvoir survivre», résume ainsi Boris Cyrulnik. Au cours de son apprentissage, le chien, comme le petit humain avec la peur du noir (par exemple), va progressivement se défaire de ses peurs innées. A l’inverse, les peurs acquises n’étaient pas présentes a priori : l’animal, sensibilisé à certains stimuli, a appris à les craindre. Ainsi la peur de l’orage, certes très courante, mais qui n’est pourtant pas une fatalité dans une vie de chien…  
 
L’émotion de peur ne doit durer que quelques secondes. Si l’animal ne peut pas s’y soustraire, ou si elle se prolonge, il peut basculer dans un état très grave (abordé dans un précédent article) : la détresse acquise. Le chien entre en sidération, comme absent et paralysé. Le propriétaire pense qu’il a vaincu sa peur alors qu’en réalité, elle l’a terrassé…
 
Evidemment, tous les chiens ne sont pas égaux face à la peur. Si certaines races sont plus sensibles que d’autres, de grandes disparités peuvent apparaître au sein d’une même race, voire d’une même portée. Les conditions de gestation de la femelle reproductrice, les profils émotionnel et réactionnel des géniteurs, puis les conditions de développement précoce des chiots et la manière dont l’éleveur envisage la socialisation et la familiarisation des petits : autant d’éléments à prendre en compte, en plus du choix de la race, si l’on souhaite un « bon chien de compagnie », peu farouche et adapté à la vie en société humaine.
 
Un chiot qui, quand il quitte sa fratrie, a déjà pris la voiture, vu toutes sortes d’êtres humains, côtoyé d’autres espèces, marché en ville, été habitué aux bruits de la maison, aura un seuil d’homéostasie sensorielle optimal : même issu d’une race plus fragile, ou réputée plus craintive, ce chiot-là sera bien armé pour affronter une existence variée. Si ses propriétaires poursuivent le travail entrepris par l’éleveur, il devrait grandir de manière harmonieuse, sans développer de peurs aberrantes ou handicapantes.
 
De l’anxiété à la phobie
 
Mais attention, un traumatisme est vite arrivé ! Une morsure, une succession d’événements effrayants, un épisode météorologique violent ou des pétards le soir de Nouvel An, et certains chiens tombent dans l’angoisse. Ils ont appris à avoir peur de «ces choses-là». Parfois, sourde et diffuse, la peur se généralise, envahit l’animal de plus en plus souvent, pour des raisons de moins en moins évidentes aux yeux du propriétaire, désemparé. La phobie guette…
 
Contrairement à la peur, l’anxiété est plus diffuse. Elle n’est pas forcément liée à un stimulus identifiable et, surtout, l’individu a le sentiment de ne rien pouvoir contrôler. La phobie, quant à elle, se définit (Petit Larousse) comme une «crainte angoissante et injustifiée d’une situation, d’un objet ou de l’accomplissement d’une action». Elle est une peur démesurée, une crainte non justifiée, avec des symptômes physiques parfois spectaculaires.
 
Parmi toutes les anxiétés susceptibles d’affecter un chien, il en est une plus connue que les autres, plus répandue aussi : l’anxiété de séparation. Celle-ci survient quand les propriétaires n’ont pas pratiqué le détachement nécessaire à l’autonomie et à l’épanouissement de leur compagnon à quatre pattes. Toujours collé à ses maîtres, le chien se retrouve littéralement paniqué quand ils s’en vont, le laissant seul.
 
La peur, une cause fréquente de morsures
 
A quoi ressemble un chien qui a peur ? Généralement, il tient son fouet replié sous le ventre, a les oreilles plaquées sur la tête, les yeux exorbités. Il arrive que certains sujets salivent, voire « moussent ». Certains tentent désespérément de fuir, et s’ils pouvaient se cacher dans un trou de souris, il le feraient. D’autres en revanche montrent moins de signaux évidents de peur, ils aboient, sautent en bout de laisse, font mine d’attaquer.
 
Dans tous les cas, la peur doit être prise très au sérieux. En effet, selon la règle dites des 4F, un chien pris de peur a quatre options : fuir / se figer / faire front / faire des appels au jeu. Mais s’il est acculé dans un coin, que l’on force le contact, ou qu’il est entravé par la laisse, ces quatre options se réduisent rapidement à une seule : attaquer. Et comme, pour le chien, il est question de survie à ce moment-là, l’attaque est généralement rapide et violente. La séquence comportementale apparaît comme tronquée, avec une phase de menace quasiment inexistante, ou presque indétectable. De surcroît, le chien aura rapidement tendance à instrumentaliser ce type d’agression : réussissant à mettre à distance l’objet de sa peur, il réitérera ce comportement qui lui a valu satisfaction.
 
Aider un chien qui a peur
 
Aider un chien craintif ou phobique est une entreprise de longue haleine. Il est préférable de se faire aider par un spécialiste. Les trois piliers de la thérapie sont : habituation, désensibilisation et contre-conditionnement. Pas à pas, l’on aidera l’animal à reprendre confiance, en lui, en son maître, en son environnement. Par le biais d’exercices ciblés, avec neutralité, sans jamais le forcer et en travaillant toujours en renforcement positif, l’on amènera le chien à reconsidérer son point de vue sur les stimuli qu’il juge effrayants. Et l’on n’hésitera pas à s’appuyer sur un chien stable et tranquille : un chien n’est en effet jamais si bien rassuré que par un congénère. L’apprentissage vicariant, dans ce type de troubles, est parfois l’une des clés de la réussite.
 
Marie Perrin
 
 

vendredi 13 février 2015

Nos chiens sont-ils jaloux ?


Quel maître n’a jamais pensé, dit, affirmé, parfois avec force véhémence : « ouhlà, attention, mon chien est très jaloux ! » ? C’est d’ailleurs l’une des phrases les plus courantes sur les terrains de dressage, ou lors des rencontres entre propriétaires… Mais nos chiens sont-ils réellement jaloux ? Sont-ils capables, cognitivement parlant, d’une émotion aussi complexe que la jalousie ? Regardons ce qu’il en est, en l’état actuel des connaissances scientifiques.
 
N’importe quel familier des chiens aura tendance à estimer que oui, les chiens peuvent être jaloux. Indéniablement. Dans bon nombre de circonstances d’ailleurs, et fort différentes les unes des autres. Ainsi, si Médor grogne lorsqu’on tente de caresser un congénère, n’est-ce pas là le signe de sa jalousie ? Et si Médor s’interpose pour exiger sa part de câlins quand son maître prend sa chère et tendre dans les bras, n’est-il pas à nouveau jaloux ? Ne risque-ton pas de le froisser si l’on donne une friandise à un autre chien en sa présence, ou si l’on accorde une prérogative à son compagnon de vie sans la lui octroyer à lui aussi ? Pourtant, comme souvent dès qu’il est question de chiens, le ressenti des propriétaires se heurte à la littérature scientifique.

La jalousie, un sentiment humain ?

A contrario des propriétaires, un grand nombre de spécialistes refusent en effet l’idée que les chiens pourraient eux aussi, tout comme nous, souffrir les affres de la jalousie. Valérie Dramard, auteure du « Comportement du chien de A à Z », note à l’onglet « Jalousie » (p. 189) : «(…) la jalousie étant par définition un sentiment humain [qui] désigne l’anxiété et l’insécurité ressenties par une personne qui a peur de perdre un objet ou une personne qu’elle perçoit comme convoité par quelqu’un d’autre, qualifier un chien de jaloux ne semble (…) pas approprié ». Pourquoi ? 

Tout d’abord, si la plupart des chercheurs s’accordent à dire que les chiens ressentent des émotions simples comme la peur, l’anxiété, la joie ou la tristesse, ils restent dans l’expectative quant à leur éventuelle capacité à éprouver des émotions complexes (et des sentiments) comme la jalousie, la culpabilité, la honte ou l’embarras. En éthologie canine, il semble faire consensus que les chiens ne sont pas aimants mais affectueux, qu’ils ne sont pas mus par la vengeance mais par la frustration. Et qu’ils ne sont pas jaloux mais possessifs

Eviter le piège anthropomorphique

Une règle fondamentale en éthologie concerne l’anthropomorphisme : les chercheurs veillent scrupuleusement à  ne pas projeter d’émotions humaines sur leurs sujets d’études. Non parce que l’anthropomorphisme serait le « mal » en soi, mais plutôt par souci de neutralité, d’« objectivité » scientifique (si tant est que cette notion ait un sens). Ils espèrent ainsi éviter les erreurs, et ne pas interpréter de manière complexe un comportement qui pourrait être expliqué de manière plus simple (loi de parcimonie 1). Surtout, n’oublions pas qu’une des conséquences de la confusion anthropomorphique, c’est la maltraitance involontaire 2. Car, même si cela tombe sous le sens, répétons-le une fois de plus : un chien n’est pas un humain. Lorsqu’on calque sur lui des manières de percevoir le monde, ou des sentiments humains, l’on court le risque de passer à côté de sa réalité à lui, de son « Umwelt ».

Par exemple, dire d’un chien qu’il est jaloux ne permet pas de trouver des solutions pratiques au problème rencontré. En présence d’un individu qui tente de s’interposer entre son maître et sa maîtresse, le comportementaliste canin préconisera de revoir toute la relation qui unit ce chien à ces propriétaires, afin que ceux-ci redeviennent les leaders du système.

Des voix discordantes du côté de certains auteurs

Tout ceci n’empêche pas certains spécialistes de se poser la question de l’éventuelle jalousie des canidés domestiques. Ainsi Stanley Coren qui, dans un article paru en ligne (« Jealousy. Dogs and the Green-Eyed Monster »), explique que, si la plupart des scientifiques refusent de parler de jalousie pour les chiens, c’est parce que cette émotion ferait appel à une conscience de soi très élaborée. Pourtant Stanley Coren lui-même pense que les chiens peuvent éprouver de la jalousie, quand bien même celle-ci ne serait pas aussi élaborée, ou pas tout à fait de même nature que celle des êtres humains ou des grands singes. Stanley Coren ajoute que la jalousie ayant une fonction sociale, il paraît tout à fait logique qu’elle concerne une espèce aussi sociale que le chien.

Pour étayer ses dires, Stanley Coren s’appuie sur une étude menée sur 43 chiens en 2008 à l’université de Vienne, en Autriche. Le professeur Friederike Range et son équipe ont ainsi mis en évidence que les chiens pourraient ressentir de la jalousie. Tout comme ils ne supporteraient pas d’être traités de manière injuste, ou inégale.

Une autre étude, menée plus récemment par Christine Harris et Caroline Prouvost à l’Université de San Diego, en Californie, aboutit exactement aux mêmes conclusions. Relatée longuement dans l’article «Jealousy in Dogs», paru dans le journal en ligne «Plos On» en juillet 2014, elle met en évidence que les chiens sont bien capables d’une certaine forme de jalousie. Elles ont notamment constaté que les chiens montraient plus de signes de « jalousie » quand leur propriétaire était affectueux avec un autre chien que quand leur propriétaire interagissait avec un objet. Elles concluent en espérant que leur «travail motivera d’autres chercheurs à suivre leur voie et à s’intéresser de manière plus approfondie aux émotions sociales chez les animaux ».

Marie Perrin


2. Les maltraitances involontaires et invisibles seront l’objet d’un prochain article

Pour aller plus loin, l’article de Plos On qui relate de manière détaillée l’expérience de Christine Harris et Caroline Prouvost :


D’autres articles sur la question :




 

 

 

 

 

 

mercredi 4 février 2015

Une lettre distribuée aujourd'hui dans les boîtes aux lettres de Kolbsheim

Parce que le métier de comportementaliste, c'est aussi interpeller les gens, tenter de les faire réagir, parler du rapport entre nos chiens et la société, de la manière dont les maîtres conçoivent leur citoyenneté et protègent leurs animaux de la cynophobie ambiante...
 
Chers concitoyens, chers Kolbsheimois,
 
Certains d'entre vous me connaissent. D'autres non. Ma présentation sera rapide...
 
Je suis comportementaliste et éducateur canin. Mais je suis aussi, plus simplement, une amoureuse des chiens, ainsi qu’une habitante de Kolbsheim. C'est sous cette triple casquette, en tant que spécialiste et professionnelle, en tant que propriétaire lambda, mais aussi en tant que Kolbsheimoise, que je m'exprime ici.
 
Je suis en effet atterrée par le nombre croissant de déjections canines sur les trottoirs de notre commune. Atterrée ne suffit d’ailleurs pas pour décrire ce que je ressens tellement je suis outrée, et inquiète. Je possède plusieurs chiens et chaque jour, je ramasse consciencieusement les crottes qu’ils font au cours de leurs promenades. Même au milieu de la route. Parfois j'en profite pour récupérer au passage celles de chiens qui ne m'appartiennent pas, juste parce que je pense au piéton qui passera par là...
 
 
Si l'on a des chiens, c'est parce qu'on les aime. Or laisser des déjections sur les trottoirs, devant les portillons des gens, c'est donner les pleins pouvoirs à leurs détracteurs. Pousser les non-propriétaires à détester nos animaux. Encourager la cynophobie ambiante. Offrir des arguments à ceux qui voudraient voir nos chiens dégager de l’espace public. Qui en fera les frais demain ? Bien évidemment, comme toujours, nos pauvres chiens...
 
Vivre ensemble, c'est tenter de ne nuire à personne. Tenter aussi de se mettre à la place d'autrui. A la place de cet enfant qui arrivera à l'école la chaussure souillée, puante, parce que quelqu'un n'aura pas jugé utile de faire son devoir citoyen de propriétaire responsable. A la place de cet habitant qui, en rentrant chez lui, s'apercevra que la crotte que, dans le noir, il n'avait pas vue devant le portail, macule maintenant le sol de son entrée, de sa cuisine.
 
 
En tant que propriétaire de chiens, lorsque ça m'arrive je suis hors de moi, écœurée, dégoûtée. D’autant que j'en ramasse des crottes, tous les jours, dans ma cour, au cours de mes promenades, lors des séances d'éducation ! Alors je peux comprendre que des non-propriétaires soient lassés, énervés, voire pire... Décider d'adopter ou d’acheter un chien, c'est aussi accepter de devoir se baisser pour collecter ses dépôts odorants.
 
D’aucuns me rétorqueront qu’il n'y a pas assez de poubelles dans le village. J'en conviens, mais il y en a, c'est déjà ça. Mettre des petits sacs poubelles dans sa poche pour les balades, est-ce vraiment compliqué ? Quant à l’argent… Quelques malheureux rouleaux de sacs ne risquent pas de faire flamber l’addition. C’est une somme dérisoire au regard de ce que coûtent les croquettes, le vétérinaire, les friandises, les jouets, les coussins, les accessoires divers et variés, et j'en passe. Même des sites grand public comme zooplus s’y sont mis, et proposent aujourd'hui des sacs à des prix défiant toute concurrence.
 
 
Ce message est donc un appel au sens civique et, plus prosaïquement, au bon sens de chacune et chacun : nous, propriétaires de chiens, sommes généralement dingues de nos compagnons à quatre pattes. Nous aimons les promener, nous aimons vivre avec eux, nous aimons ce qu'ils sont, nous voulons le meilleur pour eux. Aidons nos concitoyens à les apprécier eux aussi en minimisant les nuisances qu'ils peuvent occasionner.
 
Marie Perrin
 

mardi 3 février 2015

Quelques témoignages

Quelques témoignages d'étudiantes de Vox Animae venues observer les lâchers collectifs, ainsi que de deux clientes des cours privés en éducation. Avec également les encouragements de Laurence et Nicolas Sergent, nos formateurs mais aussi nos partenaires dans bien des aspects du comportementalisme et de l'éducation des chiens de compagnie. Merci à tous !


Gaëlle MALASSI, étudiante en formation:
 
« La séance m’a beaucoup appris, un vrai cadeau à offrir aux chiens! Je ne connais pas d’autre endroit ou ces derniers peuvent bénéficier de deux lâchers de 30 minutes, encadrés par les professionnels compétents, avec une séance d’éducation positive intercalé au milieu.
J’ai trouvé cette dernière particulièrement bien menée et maitrisé, avec des exercices très courts et variés pour conserver l’attention du chien, et une pause jeux pour évacuer le stress possible, apprendre aux participants à interagir de façon ludique avec leur compagnon, et renforcer la relation du binôme.
Merci à Marie PERRIN et Zita NAGY pour l’opportunité qu’elles nous offrent! »
 
Agnès GAYRAUD, étudiante en formation:
 
« Mes impressions sur la séance dirigée par Marie et Zita sont très positives. C’est la première fois que j’assiste à une telle séance avec des lâchers de chiens aussi nombreux. J’ai, il y’a de nombreuses années déjà, eu l’occasion à maintes reprises de fréquenter des clubs d’éducation canine « traditionnels » et cette méthode utilisée par Marie et Zita est vraiment incroyable. Il faut l’avoir vu pour le croire ! Elle respecte les animaux, les repositionne dans leur milieu avec leurs propres règles, il y a peu voire pas d’altercations. Les chiens prennent visiblement un vrai plaisir ainsi que leurs maîtres à ces séances. C’est une formule innovante et à promouvoir sans réserve.  »
 
 
Virginia et ses chiens-loups de Saarloos, Dyna et For Ever :
 

« Depuis plusieurs années, j’ai cherché en vain un club canin adapté à mes chiens, qui propose une éducation respectueuse et adaptée à mes deux chiens-loups de saarloos Dyna et For Ever, qui sont craintifs et indépendants de caractère.
J’ai testé plusieurs clubs et séances d’éducation, mais je trouvais tout cela trop froid, rigoureux, militaire, autoritaire et pas du tout à l’écoute du chien.
Les séances d’éducation collectives proposées par Zita NAGY et Marie PERRIN ont bouleversé la vie de Dyna et For Ever.
C’est un pur bonheur de voir Dyna jouer en liberté avec tout plein de chiens de toutes races et de tous caractères! Les exercices d’éducation quant à eux sont toujours très diversifiés, originaux et efficaces. Les chiens s’amusent et apprennent en même temps!
For Ever qui est plus compliqué, a bénéficié de 10 séances personnalisées, en petit groupe, pour apprendre à évoluer au milieu d’un groupe de chien, et à être à mon écoute. Et depuis peu il participe aussi aux grands cours collectifs.
Merci à vous de partager vos connaissances, de croire en nos chiens, et de leur permettre de vivre leur vie de chien à 100%. »

 Dyna ForEver2


Sandrine Bauer avec Haddock (Cavalier King Charles) et Mirko (dogue argentin)


« Pour ma part je trouve que c’est très agréable d’être en comité restreint car vous êtes à notre écoute et cela vous permet de nous donner des conseils personnalisés et d’adapter les exercices à la problématique de chaque chien. En plus de cela se rajoute votre professionnalisme à toi et à Marie et votre bonne humeur.
Les moments de récréation et de jeux pour les chiens entre les exercices sont un plus.
Je reviendrai bien pour 10 séances…!!!
En tout cas vos cours ont fait beaucoup de bien à Haddock et Mirko. »

Mirki Haddock
 
 
« Nous sommes ravis que Zita et Marie encadrent aussi admirablement leurs séances de lâchers de chiens et d’apprentissages utiles dans la cohabitation Homme/Animal. Elles nous font régulièrement l’honneur d’accueillir nos étudiants pour des moments d’observations éthologiques, et nous sommes fiers de la manière dont elles dirigent le premier centre d’éducation canine agréé Vox Animae.
 
Si vous cherchez un endroit pour éduquer vos chiens, vous pouvez vous rendre chez elles les yeux fermés.
 
Aucune violence physique ou émotionnelle ne sera infligée à vos meilleurs amis, aucun collier douloureux ne leur sera imposé, pas de méthode brutale, ni de cris. Cela fait plaisir ! »
 
Laurence et Nicolas Sergent,
Dirigeants de Vox Animae

vendredi 23 janvier 2015

Tant d'erreurs de casting...

La Fédération cynologique internationale (F.C.I.) reconnaît pas loin de 350 races de chiens. Si l’on y ajoute la multitude de bâtards et de corniauds, mélanges d’une ou de plusieurs races, choisir le chien qui partagera sa vie durant une quinzaine d’années peut vite s’apparenter à un casse-tête.

Un soir de semaine à l’école des chiots. Une quinzaine de nouveaux propriétaires sont là, accompagnés de la jolie petite boule de poils qu’ils ont achetée ou adoptée quelques semaines auparavant. Et déjà, l’on sent poindre les problèmes. Pas besoin d’être devin pour se douter que ce petit jack russell si mignon va faire du quotidien de ses propriétaires, un couple d’urbains actifs avec trois enfants turbulents, un enfer. Que ce border collie « de travail », né dans une ferme, ne pourra pas être heureux auprès de ce retraité fatigué. Ou que cet akita inu, à la tête de bon gros nounours, ne pourra pas cohabiter longtemps avec le berger allemand des parents de sa jeune propriétaire.

Au mieux, tous ces chiens seront replacés dans des foyers plus appropriés. Au pire, ils seront bourrés de neuroleptiques, abandonnés dans des refuges, voire euthanasiés. Entretemps, ils auront souffert, et leurs propriétaires avec eux. En effet, en peu de temps, ce petit jack russell deviendra la terreur de ses maîtres, détruisant tout dans l’appartement, courant compulsivement après sa queue et se léchant frénétiquement les pattes avant. Ce border collie chassera des mouches fantasmées et développera de tels troubles du comportement qu’à même pas 10 mois, il sera mis sous antidépresseurs. Quant à l’akita, l’adolescence à peine entamée, il voudra en découdre avec tous les chiens mâles, connus ou inconnus, et sa jeune maîtresse ne saura plus à quel saint se vouer. Un sombre tableau, pourtant réaliste et inspiré d’histoires vécues…

Au royaume des chiens, les contre-vérités s’accumulent

Il faut dire que, dès qu’il est question de chiens, les anthropomorphismes, les superlatifs et les approximations fleurissent. Le chien-loup de Saarloos n’est pas flippé ou peureux, il est réservé. Le jack russell n’est pas hyperactif, il est tonique. Le doberman n’est pas agressif, il est bon gardien. Il suffit de surfer sur le Net pour s’en convaincre : les chiens sont « loyaux », « pacifiques », ils ont même « le sens des responsabilités », voire « de l’humour » *! Bien sûr, tous les chiens, sauf rares exceptions (pour des races réellement trop complexes pour être mises entre des mains incompétentes), sont d’excellents chiens de famille, très gentils avec les enfants.
 
C'est ainsi qu’en quête de leur toutou idéal (et idéalisé), nombre de personnes se retrouvent affublées du mauvais compagnon. Leurrées par des descriptions inexactes, voire fallacieuses, victimes de la tendance, sur le vaste et lucratif marché du chien, d’emballer les défauts dans de jolies périphrases. Et le rêve du chien parfait vient soudain s’écraser contre la dure réalité du quotidien…

Des animaux en souffrance

Les binômes mal assortis ne seraient pas grave « en soi » s’ils n’entraînaient pas de la souffrance chez l’animal. A être mal conseillés, à s’être mal renseignés, de nombreux propriétaires s’engagent dans une relation vouée à l’échec dont, malheureusement, l’animal fait inévitablement les frais. Surtout quand, non contents de s’être trompés de race, les propriétaires s’avouent de surcroît incompétents à le comprendre, le gérer et l’éduquer.

Ni un nounours ni un petit humain…

Car rappelons-le, vivre avec un chien n’est pas si facile qu’il y paraît : le chien n’est ni un nounours ni un petit humain. Il a des besoins qui lui sont propres, une manière de percevoir le monde bien différente de la nôtre. S’il importe de ne pas se laisser piéger par les alléchants discours de promotion des races, il importe aussi de ne pas se laisser aveugler par cette sensation que, puisque le chien fait partie de notre paysage depuis le Paléolithique, nous le connaissons «de facto». Rien n’est plus faux. Alors, et si, avant d’acheter un chien, nous nous préparions vraiment, pleinement, à l’accueillir à nos côtés ? Les éleveurs consciencieux, les comportementalistes, les bénévoles des refuges n’attendent que de pouvoir guider et accompagner les futurs propriétaires…

Marie Perrin
 
* Exemples tirés de diverses pages sur les chiens de race.
 
Un exemple de ce qu’on peut trouver sur certains sites (pour rire jaune) :
Combien de temps  pouvez-vous offrir à votre chiot en termes d’exercice?

Sauf si votre chiot est de petite race, vous devez prendre très au sérieux la responsabilité de lui faire faire deux promenades par jour. 

De quel espace disposez-vous ?

Un gros chien détruira un petit jardin en enterrant un os.  Et même à l’intérieur de votre maison, un gros chien a besoin d’espace pour un grand panier. 

 

 

jeudi 4 décembre 2014

Optimiste ou pessimiste ?


Une étude récente, menée à l’université de Sydney (Australie) par le docteur Melissa Starling, a permis de mettre en évidence que les chiens, comme les êtres humains, peuvent être plutôt optimistes, ou plutôt pessimistes. Gros plan.
 
Passionnée par la faune sauvage, le docteur Melissa Starling a d’abord travaillé sur les oiseaux avant de se tourner vers un sujet d’étude plus familier : le chien, son « hobby » depuis sa prime enfance. Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, mais aussi dans des articles et sur ses différents sites, la jeune femme explique de quelle manière elle a mené son expérience.
 
Elle a d’abord sélectionné une quarantaine de chiens de toutes races, issus de divers horizons, âgés de plus de 1 an et de moins de 8 ans (pour éviter les biais liés à l’immaturité ou à la sénilité). Certains étaient des chiens de compagnie, d’autres des chiens d’assistance ou de sécurité. Elle les a ensuite conditionnés : à un certain son, les chiens apprenaient à associer une récompense sous forme de lait sans lactose, à un autre son de l’eau, toute simple, et donc guère appétissante. Puis elle leur a donné à entendre un son ambigu, entre les deux sons que les chiens avaient appris à reconnaître. Certains chiens du groupe ont aussitôt pensé qu’il s’agissait du son « lait », d’autres au contraire ont réagi de manière « pessimiste », en imaginant que le son annonçait « juste » de l’eau. Melissa Starling a ainsi pu isoler des chiens « optimistes » d’un côté, et des « pessimistes » de l’autre, des chiens qui, dans le doute, pensent que tout va bien, et d’autres qui, à l’inverse, s’inquiètent pour des broutilles.
 
Les possibles applications d’une telle découverte
 
Melissa Starling explique que les chiens optimistes sont plus enclins à prendre des risques, car ils espèrent toujours que quelque chose de bon va leur arriver. Ils ne sont pas fragiles et peuvent plus facilement dépasser les événements négatifs. A contrario, les chiens pessimistes hésitent à s’engager, ils sont plus frileux, moins entreprenants. La nouveauté les effraye. L’intérêt d’une telle découverte, c’est notamment d’imaginer pouvoir sélectionner certains profils de chiens pour des tâches définies, en quelque sorte confier le bon « job » au bon individu. Ainsi, un chien trop optimiste, donc trop enclin à prendre des risques, peut s’avérer problématique comme chien guide d’aveugle...
 
Aller plus loin…
 
Melissa Starling va plus loin, car elle pense qu’il est également possible d’aider les chiens pessimistes à être plus optimistes. Se pose évidemment la question de l’impact du vécu du chien dans sa « nature » d’optimiste ou de pessimiste. L’on sait par exemple que, chez l’être humain, l’optimisme ou le pessimisme sont influencés par l’état émotionnel de l’individu. Et des études portant notamment sur des rats et des étourneaux ont démontré que les animaux sont plus enclins à l’optimisme lorsqu’ils éprouvent un sentiment positif. Il semblerait que les chiens qui souffrent d’anxiété de séparation, par exemple, soient plus pessimistes que les autres. Tout comme les singes macaques affectés de stéréotypies, donc de stress, eux aussi plus pessimistes que les autres.
 
Mélissa Starling espère que ses travaux permettront de travailler plus précisément sur la personnalité des chiens. De l’étudier et de l’analyser de manière plus objective et plus scientifique. Même si, évidemment, aucun propriétaire de chien lambda n’en doute : Médor a sa propre personnalité, il a de l’allant ou de la réserve, il ose ou reste en retrait, il se réjouit facilement ou, au contraire, a besoin qu’on l’aide parfois à sortir de sa coquille.
 
Marie Perrin
Article à paraître dans la revue suisse «Chien magazine»

 

Une vidéo dans laquelle Melissa Starling parle de son étude et de ses conclusions :
https://www.youtube.com/watch?v=wF8km4rk4GU&feature=youtu.be
Pour voir l'appareil mis au point par Melissa Starling :
https://www.youtube.com/watch?v=KQUnbbbV5Tw
 
 

 

 

jeudi 23 octobre 2014

Mon chien détruit tout à la maison

Votre chien a pris l’habitude de tout détruire à la maison. Vous n’en pouvez plus, et c’est normal. Vos chaussons, la porte d’entrée, le canapé, la poubelle, tout y passe. Mais pourquoi agit-il ainsi ? Tentons de décrypter ses motivations…


Les destructions sont liées à un mal-être de l’animal : par ce biais, il rétablit l’équilibre, s’apaise et se rassure, réduit son niveau de stress. Néanmoins, contrairement aux apparences, toutes les destructions ne sont pas à mettre sur le même plan.

Toutes les destructions ne se valent pas

Ce qu’un chien détruit nous renseigne en effet sur ce qui lui fait souci. Ainsi, certains objets sont chargés des odeurs des êtres d’attachement, comme les chaussons ou les vêtements, tandis que d’autres sont « juste » appétissants, car remplis de bons restes ménagers, comme la poubelle. D’autres enfin font « réaction » : le mur s’effrite quand on le gratte, la tapisserie s’arrache sous les coups de dents et de crocs, ça occupe et c’est rigolo. Quant à la porte d’entrée, c’est par là que l’on entre et que l’on sort, par là que sont partis les maîtres tant-aimés, laissant Médor seul et abandonné… triste et malheureux…

Entre ennui et hyper-attachement

Tout comme les malpropretés ou les vocalisations, les destructions peuvent trouver leur origine dans diverses causes, parfois mêlés et additionnées les unes aux autres. Tout d’abord l’ennui : nos chiens ne savent pas comment occuper leurs journées. Pour leur éviter la neurasthénie, plusieurs possibilités s’offrent à nous : leur donner des jouets spécifiques ou des stimulations mentales, de quoi mâchonner, faire appel aux services d’un promeneur de chien si l’absence doit être trop longue, et, évidemment, permettre au chien de se défouler et de se dépenser avant et après les absences. Tous les individus n’ayant pas le même potentiel spécifique d’activité, chaque maître devra déterminer ce dont son chien a besoin, et s’organiser pour pouvoir lui donner ce qu’il lui faut. Un chien baladé 90 minutes au saut du lit sera plus enclin à se rendormir qu’à chercher une occupation, de préférence incongrue…

Certains chiens n’ont par ailleurs pas appris la solitude. Pour un animal social comme canis lupus familiaris, la solitude n’est pas naturelle. Et certains individus ont plus de mal à l’accepter que d’autres. La présence d’un congénère peut aider à supporter l’absence quotidienne des propriétaires, mais pas forcément. Car parfois, à deux, on peut faire quatre fois plus de bêtises ! Il est également conseillé de changer le rituel autour des départs et des retours, l'idéal étant l'ignorance de l'animal une vingtaine de minutes avant de s'en aller, et une ignorance des éventuelles agitations lorsque l'on rentre (on ne s'intéresse à Médor que quand il s'est calmé, lui signifiant par là que rien de grave ne s'est passé).


Ce problème se complique souvent d’un hyper-attachement : parce qu’ils ne s’en rendent pas compte, ou par culpabilité latente, les propriétaires laissent leur animal « collé » à eux lorsqu’ils sont à la maison : cela part certes d’un bon sentiment (encore que cela se discute), mais renforce le profond malaise du chien. Du tout en présence de ses humains, il passe subitement à un vide abyssal qui lui cause souffrances et angoisses. Ne pas laisser Médor vous suivre partout, avoir des pièces interdites, le laisser en quelque sorte seul même quand vous êtes à la maison, peut aider à ce détachement. De la même façon, il est préconisé d'ignorer les demandes d’interactions de votre chien afin d’en être systématiquement à l’initiative. Enfin, passé les premiers mois de vie en commun, où l’on peut (à mon sens, où l'on doit) garder le chiot à proximité de soi la nuit, il sera sans doute judicieux d’octroyer à Médor un coin à lui où dormir, hors des chambres des humains.

La force des apprentissages…


Il convient par ailleurs de ne pas négliger les apprentissages faits par Médor : si gratter le papier peint lui apporte un grand réconfort, il est fort à parier qu’il reproduira l’expérience. Le renforcement peut venir involontairement des propriétaires, qui lui accordent de l’attention lorsqu’il détruit un objet : Médor sait désormais que cette action lui est bénéfique, il pourra la reproduire ultérieurement, jusqu’à ce qu’elle devienne une habitude rassurante et calmante. Enfin, avoir un chien devrait nous inciter au rangement : une poubelle laissée dans la même pièce qu’un chien lui appartient. C’est aussi simple que ça ! On ne peut pas lui en vouloir de s’être sustenté !

A contrario, une pièce quasiment vide n’incite pas autant à la délinquance canine, surtout si ce vide est compensé par des jouets judicieusement choisis. En restreignant au début l’espace, et en veillant à tout mettre hors de portée des crocs de l’animal, l’on pourra peu à peu le guider sur la voie d’un mieux vivre ensemble. A la place d’apprendre des « mauvais » comportements, le chien intègrera d’autres manières de s’occuper. Et si, malgré toutes ces préconisations, votre Médor adoré continue de saccager votre intérieur en votre absence, c’est que l’aide d’un professionnel est devenue plus qu’urgente !

Marie Perrin

Prochainement sur ce blog : mon chien détruit tout en ma présence…