La Fédération cynologique
internationale (F.C.I.) reconnaît pas loin de 350 races de chiens. Si l’on y ajoute
la multitude de bâtards et de corniauds, mélanges d’une ou de plusieurs races, choisir
le chien qui partagera sa vie durant une quinzaine d’années peut vite s’apparenter
à un casse-tête.
Un
soir de semaine à l’école des chiots. Une quinzaine de nouveaux propriétaires
sont là, accompagnés de la jolie petite boule de poils qu’ils ont achetée ou
adoptée quelques semaines auparavant. Et déjà, l’on sent poindre les problèmes.
Pas besoin d’être devin pour se douter que ce petit jack russell si mignon va
faire du quotidien de ses propriétaires, un couple d’urbains actifs avec trois
enfants turbulents, un enfer. Que ce border collie « de travail », né
dans une ferme, ne pourra pas être heureux auprès de ce retraité fatigué. Ou
que cet akita inu, à la tête de bon gros nounours, ne pourra pas cohabiter
longtemps avec le berger allemand des parents de sa jeune propriétaire.
Au
mieux, tous ces chiens seront replacés dans des foyers plus appropriés. Au pire,
ils seront bourrés de neuroleptiques, abandonnés dans des refuges, voire
euthanasiés. Entretemps, ils auront souffert, et leurs propriétaires avec eux. En
effet, en peu de temps, ce petit jack russell deviendra la terreur de ses
maîtres, détruisant tout dans l’appartement, courant compulsivement après sa
queue et se léchant frénétiquement les pattes avant. Ce border collie chassera
des mouches fantasmées et développera de tels troubles du comportement qu’à
même pas 10 mois, il sera mis sous antidépresseurs. Quant à l’akita, l’adolescence
à peine entamée, il voudra en découdre avec tous les chiens mâles, connus ou
inconnus, et sa jeune maîtresse ne saura plus à quel saint se vouer. Un sombre
tableau, pourtant réaliste et inspiré d’histoires vécues…
Au royaume des chiens, les
contre-vérités s’accumulent
Il
faut dire que, dès qu’il est question de chiens, les anthropomorphismes, les
superlatifs et les approximations fleurissent. Le chien-loup de Saarloos n’est
pas flippé ou peureux, il est réservé.
Le jack russell n’est pas hyperactif, il est tonique. Le doberman n’est pas agressif, il est bon gardien. Il suffit de surfer sur le
Net pour s’en convaincre : les chiens sont « loyaux », « pacifiques »,
ils ont même « le sens des responsabilités », voire « de l’humour » *! Bien sûr, tous les chiens, sauf rares exceptions (pour des races réellement
trop complexes pour être mises entre des mains incompétentes), sont d’excellents chiens de famille, très gentils
avec les enfants.
C'est ainsi qu’en quête de leur
toutou idéal (et idéalisé), nombre de personnes se retrouvent affublées du
mauvais compagnon. Leurrées par des descriptions inexactes, voire fallacieuses,
victimes de la tendance, sur le vaste et lucratif marché du chien, d’emballer
les défauts dans de jolies périphrases. Et le rêve du chien
parfait vient soudain s’écraser contre la dure réalité du quotidien…
Des animaux en souffrance
Les binômes mal assortis ne
seraient pas grave « en soi » s’ils n’entraînaient pas de la
souffrance chez l’animal. A être mal conseillés, à s’être mal renseignés, de
nombreux propriétaires s’engagent dans une relation vouée à l’échec dont,
malheureusement, l’animal fait inévitablement les frais. Surtout quand, non
contents de s’être trompés de race, les propriétaires s’avouent de surcroît incompétents
à le comprendre, le gérer et l’éduquer.
Ni un nounours ni un petit humain…
Car
rappelons-le, vivre avec un chien n’est pas si facile qu’il y paraît : le
chien n’est ni un nounours ni un petit humain. Il a des besoins qui lui sont
propres, une manière de percevoir le monde bien différente de la nôtre. S’il
importe de ne pas se laisser piéger par les alléchants discours de promotion
des races, il importe aussi de ne pas se laisser aveugler par cette sensation
que, puisque le chien fait partie de notre paysage depuis le Paléolithique, nous
le connaissons «de facto». Rien n’est plus faux. Alors, et si, avant d’acheter
un chien, nous nous préparions vraiment, pleinement, à l’accueillir à nos côtés
? Les éleveurs consciencieux, les comportementalistes, les bénévoles des refuges
n’attendent que de pouvoir guider et accompagner les futurs propriétaires…
Marie Perrin
* Exemples
tirés de diverses pages sur les chiens de race.
Un
exemple de ce qu’on peut trouver sur certains sites (pour rire jaune) :
Combien de temps pouvez-vous offrir à votre chiot en
termes d’exercice?Sauf si votre chiot est de petite race, vous devez prendre très au sérieux la responsabilité de lui faire faire deux promenades par jour.
De quel espace disposez-vous ?
Un gros chien détruira un petit jardin en enterrant un os. Et même à l’intérieur de votre maison, un gros chien a besoin d’espace pour un grand panier.
Bonsoir,
RépondreSupprimerConcernant cette publication j'avoue ne pas comprendre le passage sur l'Akita Américain et le Jack Russel. Comment un Akita bien socialisé à ses congénères peut devenir du jour au lendemain agressif avec eux? Je connais de nombreuses personnes vivant avec plusieurs chiens (dont Akita) et les choses se passent normalement. Puis pour le Jack Russel beaucoup sont loin d'être hyper-actif. Je trouve qu'au contraire ce sont deux idées reçues.
Dans l'attente de votre réponse.
Cordialement, Stéphanie.