Parce que le métier de comportementaliste, c'est aussi interpeller les gens, tenter de les faire réagir, parler du rapport entre nos chiens et la société, de la manière dont les maîtres conçoivent leur citoyenneté et protègent leurs animaux de la cynophobie ambiante...
Chers concitoyens, chers Kolbsheimois,
Certains d'entre vous me connaissent. D'autres
non. Ma présentation sera rapide...
Je suis comportementaliste et éducateur canin.
Mais je suis aussi, plus simplement, une amoureuse des chiens, ainsi qu’une
habitante de Kolbsheim. C'est sous cette triple casquette, en tant que
spécialiste et professionnelle, en tant que propriétaire lambda, mais aussi en
tant que Kolbsheimoise, que je m'exprime ici.
Je suis en effet atterrée par le nombre croissant
de déjections canines sur les trottoirs de notre commune. Atterrée ne suffit d’ailleurs
pas pour décrire ce que je ressens tellement je suis outrée, et inquiète. Je
possède plusieurs chiens et chaque jour, je ramasse consciencieusement les
crottes qu’ils font au cours de leurs promenades. Même au milieu de la route.
Parfois j'en profite pour récupérer au passage celles de chiens qui ne
m'appartiennent pas, juste parce que je pense au piéton qui passera par là...
Si l'on a des chiens, c'est parce qu'on les aime.
Or laisser des déjections sur les trottoirs, devant les portillons des gens,
c'est donner les pleins pouvoirs à leurs détracteurs. Pousser les
non-propriétaires à détester nos animaux. Encourager la cynophobie ambiante. Offrir
des arguments à ceux qui voudraient voir nos chiens dégager de l’espace public.
Qui en fera les frais demain ? Bien évidemment, comme toujours, nos
pauvres chiens...
Vivre ensemble, c'est tenter de ne nuire à
personne. Tenter aussi de se mettre à la place d'autrui. A la place de cet
enfant qui arrivera à l'école la chaussure souillée, puante, parce que
quelqu'un n'aura pas jugé utile de faire son devoir citoyen de propriétaire
responsable. A la place de cet habitant qui, en rentrant chez lui, s'apercevra
que la crotte que, dans le noir, il n'avait pas vue devant le portail, macule
maintenant le sol de son entrée, de sa cuisine.
En tant que propriétaire de chiens, lorsque ça
m'arrive je suis hors de moi, écœurée, dégoûtée. D’autant que j'en ramasse des
crottes, tous les jours, dans ma cour, au cours de mes promenades, lors des
séances d'éducation ! Alors je peux comprendre que des
non-propriétaires soient lassés, énervés, voire pire... Décider d'adopter ou
d’acheter un chien, c'est aussi accepter de devoir se baisser pour collecter
ses dépôts odorants.
D’aucuns me rétorqueront qu’il n'y a pas assez de
poubelles dans le village. J'en conviens, mais il y en a, c'est déjà ça. Mettre
des petits sacs poubelles dans sa poche pour les balades, est-ce vraiment compliqué
? Quant à l’argent… Quelques malheureux rouleaux de sacs ne risquent pas de
faire flamber l’addition. C’est une somme dérisoire au regard de ce que coûtent
les croquettes, le vétérinaire, les friandises, les jouets, les coussins, les
accessoires divers et variés, et j'en passe. Même des sites grand public comme
zooplus s’y sont mis, et proposent aujourd'hui des sacs à des prix défiant
toute concurrence.
Ce message est donc un appel au sens civique et,
plus prosaïquement, au bon sens de chacune et chacun : nous, propriétaires de
chiens, sommes généralement dingues de nos compagnons à quatre pattes. Nous
aimons les promener, nous aimons vivre avec eux, nous aimons ce qu'ils sont,
nous voulons le meilleur pour eux. Aidons nos concitoyens à les apprécier eux
aussi en minimisant les nuisances qu'ils peuvent occasionner.
Marie Perrin
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