Médor a de l'eczéma, prend du poids ou se lèche compulsivement les pattes… Serait-il stressé ? De nombreux événements sont en effet susceptibles de stresser nos chiens. Malheureusement, nous n’en avons pas toujours conscience, ne nous en rendons pas compte et ne réagissons donc pas de manière appropriée. Et si nous tentions de combler cette lacune ?
A l’instar des êtres humains, les chiens éprouvent le stress, lequel peut être défini comme un « état réactionnel de l’organisme soumis à une agression brusque » (Le Larousse médical). Cette « réaction d’alarme » déclenche toute une série de processus biochimiques, avec production de diverses hormones, parmi lesquelles l’adrénaline. Par extension, le terme « stress » a fini par désigner tout à la fois la cause et l’effet de l’agression. Hans Seyle, biologiste et endocrinologue d’origine autrichienne, découpe le syndrome de stress en trois étapes : la phase d’alarme, le stade de résistance et l’épuisement. Réflexe de survie biologique (et non dommageable en tant que tel), le stress, lorsqu’il est durable et répété, devient pathogène et toxique.
Chaque chien est unique, y compris face au stress
Tous les individus ne réagissent pas de la même manière aux agents stressants. Une situation intolérable pour certains chiens sera tout à fait gérable pour d’autres chiens. Tout ceci tient en un concept : celui d’homéostasie sensorielle, ou équilibre interne. Cette homéostasie sensorielle est liée aux conditions de développement précoces du chien, mais aussi à sa race, son âge, son environnement de vie, son statut hormonal, ses expériences passées : en un mot, son « tempérament ». Chaque chien est unique, et cela vaut évidemment pour sa manière de répondre au stress.
Qu’est-ce qui stresse nos chiens ?
Turid Rugaas, éducatrice norvégienne de renommée internationale, notamment célèbre pour son décryptage des signaux d’apaisement canins, a également beaucoup travaillé sur le stress chez le chien. Nombre de situations ordinaires de la vie courante peuvent inquiéter un chien, surtout s’il est sensible ou émotionnellement instable : un déménagement, l’arrivée d’un bébé dans la famille, de nouveaux horaires, mais aussi quelques jours en pension, la solitude ou une faible dépense physique ou mentale. Des séances de jeu ou d’éducation trop longues ou trop soutenues peuvent aussi se montrer perturbantes.
La faim, la soif, l’excès de bruit, toute situation perçue comme effrayante ou dangereuse vont également mettre l’organisme du chien en état d’alerte. Or, si l’adrénaline se diffuse dans l’organisme et atteint son pic en quelques minutes seulement, elle met en revanche des jours pour s’éliminer complètement, et comme les répercussions biochimiques du stress sont cumulatives (chaque stress se cumule au précédent), certains individus n’arrivent jamais à revenir à une situation apaisée. Ils entrent dans la phase délétère du stress dit « chronique », qui cause des dommages psychiques et physiques – problèmes cutanés, digestifs, cardiaques, d’immunité, entre autres.
Le stress peut même impacter la croissance d’un chien : à bagage génétique équivalent, un chiot grandira mieux dans un environnement sûr et serein. Pareillement, certains chiens obèses sont en réalité… stressés ! Enfin, évidemment, de nombreux troubles du comportement peuvent découler d’un état de stress chronique : stéréotypies ou comportements autocentrés (comme les plaies de léchage).
Lire son chien pour bien réagir
Lire son chien pour bien réagir
Turid Rugaas recommande d’être tout particulièrement attentif aux signaux émis par nos chiens, d’apprendre à les lire pour agir en conséquence. Ainsi, lors d’une séance de dressage, si votre chien se met à haleter, à se gratter, à bâiller ou à tourner la tête, c’est qu’il est inquiet, débordé, mal à l’aise : mieux vaut interrompre immédiatement la leçon et aller le détendre. Manque d’attention, agitations, tremblements, salivation sont autant de symptômes d’une vive anxiété. Il suffit de songer à l’attitude de nos chiens chez le vétérinaire : combien d’entre eux pleurent et tournent sans se poser dans la salle d’attente, puis perdent tous leurs poils (voire urinent ou vident leurs glandes anales) sur la table d’examen ?
La confusion, l’absence d’un cadre de vie clair, des punitions, une communication défaillante ou ambiguë peuvent également conduire Médor à un état de stress continuel. La gestion des ressources (rituels, alimentation, déplacements, contacts et promenades) incombe au propriétaire : c’est à ce prix qu’un chien peut se sentir bien chez lui et dans ses coussinets. Comblé dans ses besoins spécifiques, respecté dans ses craintes et ses incapacités, un chien n’a aucune raison de devenir un « stressé chronique ». A chacun d’y veiller !
Marie Perrin
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