Vous avez
décidé d’adopter un chiot, peut-être un chien adulte. Quelles questions
devez-vous vous poser ? Je vais tenter de vous aider à y voir plus clair.
Un chien adulte ou un
chiot ? De race ou bâtard ?
Si vous avez opté pour un chien adulte, c’est
que vous avez décidé de faire une bonne action à la SPA, ou en adoptant un
retraité d’élevage. Vous avez peut-être aussi eu un coup de cœur pour un chien
à replacer via un site Internet. Dans tous les cas, au bout de quelques
semaines de cohabitation, une fois qu’il aura pris ses marques chez vous, il
sera peut-être judicieux de faire appel à un spécialiste du comportement, qui
pourra vous aider à caler certains détails du quotidien, surtout si votre
nouveau compagnon a subi une longue période en chenil, ou s’il a
été abandonné pour des troubles du comportement (même si changer
d’environnement, c’est aussi changer de comportement).
Vous avez décidé d’adopter un chiot. Qu’il soit
de race ou bâtard, votre choix doit évidemment être mûrement réfléchi. Dans
tous les cas, on ne le répétera jamais assez, évitez absolument les salons du
chiot. Cherchez un particulier ou un éleveur sérieux, qui garantira des
conditions de développement optimales à votre petit bout poilu…
A qui faut-il
veiller ?
Plusieurs
éléments doivent être pris en compte :
1) Les parents de votre
futur chiot vivent-ils en chenil (ou dans la cave) ou dans l’habitation des
éleveurs ?
2) S’agit-il d’un petit élevage
ou d'un élevage intensif et / ou multiraces ?
3) Comment les parents de
votre futur chiot se comportent-ils ? Sont-ils craintifs, agressifs,
paisibles ?
4) Quel est l’environnement
général de l’élevage ? S’il est en rase campagne, et que vous habitez au
centre de Paris, oubliez immédiatement cet élevage…
5) Posez des questions à
l’éleveur : se donne-t-il la peine de sortir les chiots de l’élevage, de
leur faire prendre la voiture, de leur faire voir des êtres humains et des
animaux d’autres espèces ? Laisse-t-il les chiots avec la maman jusqu’à
leur départ de l’élevage ? Si vous avez des chats, vous apprécierez sans
doute que votre futur chiot ait vu des chats durant ses premières semaines de
vie… Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. L’on est moins enclin à chasser
les espèces amies que les espèces inconnues !
6) Veillez bien à l’âge et
à l’état émotionnel de la maman de votre futur chiot, ainsi qu’à la taille de
la portée. On estime en effet qu’au-delà de 4 chiots, un autre chien adulte
équilibré devrait venir en renfort de la chienne.
7) Si vous avez choisi un
chien de race, faites attention que les parents de votre futur chiot soit
dépisté pour les tares et maladies reconnues pour la race. C’est extrêmement
important si vous ne voulez pas vous ruiner en frais vétérinaires et, surtout,
voir souffrir cet être auquel vous allez vous attacher de manière si puissante.
Je vous donne un exemple : ma race de cœur, le chien-loup de Saarloos, est
touchée par la myélopathie dégénérative. Il existe actuellement un test
génétique pour éviter de reproduire deux sujets porteurs (ou, encore pire, atteints
par la maladie). Ce qui n’empêche pas certains éleveurs peu scrupuleux de
continuer à propager la maladie. La myélopathie dégénérative a ceci de terrible
qu’elle se déclare quand le chien vieillit : peu à peu, bien qu’il
conserve toutes ses facultés mentales, il se paralyse. L’issue de la maladie,
qui peut être d’évolution rapide, est l’euthanasie…
8) Ne prenez jamais un
chiot avant 8 semaines (c’est illégal de toute façon), et jamais après 3 mois
(vous aurez plus de mal à la familiariser à votre mode de vie)
Le choix
du chiot (Ian Dunbar) : On a longtemps pensé que le chiot qui venait spontanément,
sautait et mordillait, ne devait pas être choisi car « dominant » ou
« agressif ». Or rien n’est moins faux. Ce chiot présente un
comportement normal, c’est lui qu’il faudrait choisir, et pas celui qui se
cache et se terre…
Quelle race ?
La question est primordiale. Si vous optez pour
un bâtard, renseignez-vous bien sur les caractéristiques de chacun des parents.
Si vous optez pour un chien de race, demandez-vous si vous l’avez choisi pour
des raisons esthétiques... Auquel cas vous risquez d’avoir des ennuis…
Lorsqu’on opte pour un chien de race, il faut être bien certain que cette race,
et au sein de cette race, cette lignée, va correspondre à mes attentes et mes
capacités. Nombre de gens adoptent un jack russel sans se doute que cette
petite bête est montée sur ressorts et a besoin de se dépenser physiquement et
intellectuellement au-delà de ce que la plupart des propriétaires peuvent lui
apporter.
L’une des races à la mode actuellement, c’est le border collie, de
préférence d’une lignée de travail. Je vous assure que si vous optez pour un
border de travail, qui a grandi dans une ferme auprès de parents gardiens de
troupeau, vous risquez fort de vous en mordre les doigts. Etes-vous prêt à
l’emmener travailler sur troupeau ? A lui faire faire un jogging
quotidien ? A subir les éventuels « troubles » liés à la
sélection des meilleurs individus pour le travail du troupeau ? Vous risquez
d’être très malheureux, et votre chien avec vous. Surtout si vous habitez en
ville et que votre border, comme nombre de borders, est plutôt sensible et
réactif, et qu’il se lance sur toutes les voitures qu’il croise.
La question de la race rejoint d’ailleurs
celle-ci :
Quelles
sont mes motivations à prendre un chiot / un chien ?
1) Je suis sportif et je
veux un compagnon d’activités en plein air
2) Je vis seul ou seule et
je veux un gardien, un chien qui me protège et protège ma maison ou mon
appartement
3) J’ai des enfants et je
souhaite un compagnon pour la vie de famille
4) Je souhaite combler ma
solitude
5) Je veux un chien «
miroir », qui (me) renvoie une image valorisée de moi-même
6) Je veux offrir un chien
à mes enfants
7) Je n’ai jamais eu de
chien mais j’ai toujours rêvé d’en avoir un, et je me sens prêt à franchir le
cap
8) Mon chien vient de
mourir et je veux rapidement tourner la page, en choisissant un chien de la
même race et du même sexe
Certaines de ces affirmations devraient vous
alerter : ne prenez pas de chien, ou pas tout de suite, vous risquez de
faire son malheur. Les autres affirmations doivent vous orienter sur la race qui
vous conviendra. Faites-vous aider par un professionnel, il saura vous guider
pour un choix optimal.
Mon budget ?
Un chien coûte cher. Entre l’achat du chiot, celui
de la laisse, du collier, des accessoires pour enrichir son milieu de vie, sans
compter les dépenses liées à l’alimentation, les frais vétérinaires,
l’assurance éventuelle pour ces mêmes frais vétérinaires, la facture peut vite
s’avérer salée. Frais de pension en été ou quand vous partez en vacances, ou
choix d’un lieu de villégiature acceptant les chiens (attention aux plages
interdites aux chiens en été, elles sont de plus en plus nombreuses), autant
d’éléments à réfléchir avant … Adopter ou acheter un chien doit être un acte
mûrement réfléchi, car il impactera vos quinze prochaines années…
Le temps dont je dispose
pour lui ? Mon mode de vie ?
L’arrivée de votre chiot va vous changer la vie, et durablement ! Il
va falloir accepter qu’il puisse mordiller, faire ses besoins partout, détruire
une partie de votre habitation. Vous devrez faire patiemment son éducation,
l’aider à grandir. Pour cela, vous devrez vous être documenté, avoir appris ce
qu’est un chien, la manière dont il vit et perçoit le monde qui l’environne,
avoir des connaissances sur ses besoins spécifiques, et être prêt à les
combler. Dans tous les cas, vous devrez désormais prendre le temps de promener
toutou 6 fois par jour, pour qu’il puisse faire ses besoins dehors. Et vous
devrez prévoir au minimum une grande promenade quotidienne pour qu’il puisse se
défouler selon ses envies et besoins. Si vous vous absentez 8 heures par jour
pour le travail, si vous détestez vous promener, si vous passez vos week-ends à
l’extérieur de chez vous, ou au travail, sans pouvoir consacrer du temps à
votre chien, alors… ne prenez pas de chien !
Ville ou campagne ?
Maison ou appartement ?
Un chiot élevé en rase campagne risque d’avoir
des difficultés à s’adapter à l’environnement urbain. A l’inverse, un chiot qui
a passé ses premières semaines en ville souffrira du manque de stimulations si
vous habitez un tout petit village ou un lieu isolé.
Certains éleveurs exigent de leurs futurs
adoptants qu’ils aient une maison avec jardin. Personnellement, je pense qu’un
chien en appartement est parfois plus heureux qu’un chien en maison : il
est forcément promené plusieurs fois par jour, partage des temps de détente et
de complicité avec son maître, peut à loisir renifler les informations laissées
par ses congénères plus tôt dans la journée. Un jardin ne suffit pas au bonheur
d’un chien : un chien est un animal social, qui a besoin de se promener,
d’exercer sa truffe, de rencontrer d’autres chiens, de voir des gens et des
lieux divers.
Quelques éléments à savoir
N’hésitez pas à faire appel à un professionnel
du comportement : il vous aidera à faire grandir votre chiot de manière
optimale. Parfois, certains futurs propriétaires m’appellent avant d’aller chercher
leur chiot : j’aime beaucoup ces consultations, elles sont la meilleure
garantie d’une cohabitation saine et heureuse.
Un chiot a besoin de mordiller : il faut
penser à combler ses besoins masticatoires. Il découvre en effet le monde en le
mettant dans sa bouche, c’est normal. L’inhibition de la morsure, un des
auto-contrôles indispensables, s’apprend par morsure réciproque entre
chiots : il vous faudra donc impérativement fréquenter une école pour
chiots, mais une bonne école pour chiots, où le plus important réside dans les
lâchers collectifs, que les chiots puissent jouer, interagir, communiquer,
s’ajuster.
Avant ses trois mois, il devra avoir vu au
minimum une centaine de personnes différentes, et une quinzaine d’enfants. Ces
rencontres doivent bien sûr être positives pour le chiot. Organisez des soirées avec des amis, des goûters avec des enfants calmes, faites venir vos voisins, vos proches, et habituez votre chiot à voir des humains de toutes tailles, très différents, âgés, jeunes, hommes, femmes, etc.
N’oubliez pas que l’une des sources principales
de problèmes de comportement, c’est l’ennui et l’inactivité. Votre chiot (votre
chien) a besoin de s’occuper, physiquement et mentalement, il a besoin de
passer du temps avec vous, voire de « travailler » (éducation, sport,
disciplines cynophiles, etc).
Et voilà,
vous êtes maintenant presque prêt pour le grand saut : votre chiot va
venir rejoindre votre foyer. Que votre route commune soit longue et semée de nombreuses
petites (et grandes) pépites de bonheur !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire