jeudi 30 mai 2013

Mon chien n'est pas propre (article co-signé avec Laurence Bruder-Sergent)

Qu'est-ce qui provoque les malpropretés chez nos compagnons ?

Ennui, anxiété, hyper-attachement sont générateurs de troubles du comportement. Quand un chien ne parvient pas à s'adapter à un contexte de vie, il réduit en effet son inconfort par des activités d’apaisement et de substitution, telles les vocalises, destructions ou malpropretés. Arrêtons-nous plus longuement sur ces dernières, et tentons d'analyser et de comprendre ce que les chiens nous «disent» lorsqu'ils urinent sur les tapis ou défèquent devant la porte d'entrée.

Le concept de propreté

Rappelons tout d’abord que dans le monde du chien, il n’existe que deux règles : on ne fait pas ses besoins là où on mange ni là où on dort. Dans le monde des humains en revanche, la propreté est une notion complexe qu’il va falloir apprendre au chiot : il doit se retenir lorsque la nécessité s’en fait sentir, pour faire à un endroit et un moment qui nous conviennent.

Et s’il veut communiquer avec son entourage ?

Si le chien a appris et assimilé qu’il doit se retenir pour se « vider » plus tard, au bon endroit, et s’il ne souffre d’aucune pathologie organique*, et que, malgré tout, il fait ses besoins dans la maison, c’est qu’il est dans un processus de marquage et de communication.

Certains chiens malpropres souffrent d’un problème de positionnement dans leur famille humaine. Un animal auquel on a abandonné la position de régulateur peut marquer ostensiblement l’habitation, généralement en présence de ses maîtres. Ce chien a l’habitude de décider de tout, il se déplace où bon lui semble, monte sur le canapé et en descend quand il le veut, mange en libre-service, dort sur le lit, obtient les caresses et l’attention qu’il souhaite, quand il le souhaite.

Pour ces chiens-rois, la thérapie se résume en une seule phrase : les propriétaires doivent redevenir les décideurs chez eux.

Une autre cause à envisager : son profil émotionnel

Des émotions intenses peuvent entraîner des émissions d’urine, voire des défécations. Les «pipis de joie» sont fréquents chez les chiots : on préconise de ne pas encourager ces débordements, d’en faire des non-événements. S’il s’agit d’un chien adulte, on se demandera si sa réponse est proportionnelle au stimulus : si oui, tout va bien. Si non, il va falloir apprendre au chien à gérer ses émotions. Des comportements auto-centrés, des plaies de léchage, des phobies viennent parfois compléter le tableau : l’unique voie est alors un long processus de thérapie comportementale encadrée par un professionnel.

La question de l’attachement excessif

Hyper-émotivité et ultra-sensibilité peuvent venir en symptômes d’un autre mal : l’hyper-attachement. Tout comme le fit la maman chien avec ses petits, les propriétaires vont devoir pratiquer un détachement, indispensable au bon équilibre psychique de l’animal. On conseille alors de limiter les contacts affectifs et d’en être toujours à l’initiative et, surtout, de dé-ritualiser les départs et les retours.

Quand l’hyper-attachement s’aggrave d’un problème lié à la solitude, on apprendra au chien à être seul même en présence de ses maîtres, par exemple en ne le laissant pas les suivre dans toutes les pièces. Il est primordial de comprendre qu’un chien qui est tout le temps collé à ses propriétaires va vivre leur absence comme un vrai déchirement : il va passer brutalement du tout-ensemble au tout-seul, source d’une terrible détresse émotionnelle.

Apprendre l’autonomie à son chien :

1) limiter les rituels de départ

2) limiter les rituels de retour

3) gérer les déplacements et les lieux de couchage du chien

4) limiter provisoirement les contacts affectifs et sociaux ET en être toujours à l’initiative

5) ne plus laisser le chien suivre les humains dans tous leurs déplacements


Des perturbations dans l’environnement

Des « détails » dans nos vies humaines peuvent aussi engendrer de véritables tsunamis affectifs chez nos chiens : un déménagement, un divorce, un bébé, une maladie sont autant d’événements à ne pas négliger.

De soudaines malpropretés, ou des régressions chez un chien qui a déjà exprimé des troubles de ce type, peuvent y trouver leur origine.

Une énergie non évacuée

Certains chiens étiquetés « malpropres » souffrent juste d’un surplus d’énergie. Toutes les races n’ont pas le même besoin d’activités physiques. Là où trois promenades calmes suffiront à un dogue allemand, plusieurs heures de course en liberté ne calmeront peut-être pas un border collie. En cas de manque d’actions à ce niveau-là, des malpropretés peuvent survenir.

Enfin, « last but not least », parlons de l’ennui... Car oui, nos chiens s’ennuient ! Ils passent de longues heures seuls, à nous attendre, à subir les aléas de nos vies de ministres. Pour passer le temps, ils se trouvent des occupations, pas toujours à notre goût !

Et si, faisant preuve de compassion, nous leur offrions de quoi s’amuser durant nos absences ? Un gros os de bœuf, un jouet rempli de friandises, des croquettes cachées dans l’habitation : ils oublient ainsi leur solitude, jouent, se dépensent intellectuellement, piquent même un petit somme entre deux résolutions d’énigmes.

En résumé, on peut dire que les problèmes de malpropretés tiennent à deux grandes familles de causes : un apprentissage de la propreté incomplet ou mal assimilé par le chien et une activité dite de « substitution » exprimant un mal-être ou une émotion forte.

Evidemment, un comportement étant rarement imputable à une seule cause, les possibilités peuvent s’additionner. Néanmoins, gardons toujours à l’esprit que les mictions et défécations ont aussi une valeur communicative : les chiens veulent nous faire passer un message. A nous de faire l’effort de les comprendre pour mieux vivre avec eux.



Marie Perrin et Laurence Bruder-Sergent



* Le marquage n’a rien à voir avec le vidage, qui est une nécessité biologique. Un chien qui se soulage en grosses flaques d’urine a très certainement un besoin physiologique à satisfaire, voire un problème organique : une visite chez le vétérinaire s’impose.

dimanche 26 mai 2013

Le chien en voiture

Prendre la voiture avec son chien : un acte « banal », parfois même quotidien, qui soulève pourtant un certain nombre de questions. Petit tour d’horizon du « bien se déplacer ensemble ».

Partir en vacances, en randonnée loin de chez soi, aller chez le vétérinaire ou rendre visite à des amis  : autant de moments où l’on peut être amené à prendre la voiture avec Médor. Si l’exercice semble naturel à certains chiens, d’autres, en revanche, vont devoir s’habituer à cet habitacle en mouvement.

Joyeux ou malade ?

Joyeux d’accompagner leur maître dans ses occupations du jour, ou contents d’une promesse de promenade, certains chiens montent sans rechigner dans la voiture, s’installent à leur place, laissant même, parfois, leur évident plaisir s’exprimer avec force vocalises. Mais pour d’autres, voyager sans être malade nécessite un long apprentissage. Ils sont peut-être traumatisés – leur premier trajet fut pour aller chez le vétérinaire –, ou tout simplement sujets au mal des transports.

Comment y remédier ? Pas à pas, sans forcer l’animal, en laissant par exemple le véhicule à l’arrêt, portes et coffre ouverts, qu’il puisse y entrer à sa guise. L’on pourra l’y nourrir ou y jouer avec lui, s’y installer soi-même pour lire ou écouter de la musique. Au début, il est conseillé de privilégier les courts trajets, avec balades ou moments heureux à la clé. L’on n’hésitera pas, en cas de voyage plus long, à faire des pauses très régulières pour que Médor puisse se soulager, boire et remettre son organisme d’aplomb. Enfin, réduire l’espace ou empêcher le chien de voir la route défiler peuvent l’aider à être moins nauséeux.

La voiture : un moyen de transport, pas un lieu de vie

La gaieté exprimée par Médor au moment de s’en aller avec son maître pour un petit tour en voiture ne doit pas faire oublier que celle-ci n’est qu’un moyen d’aller d’un point à un autre, qu’elle n’est en aucun cas un lieu de vie. Ce n’est en effet pas parce qu’un chien accepte ou apprécie la voiture qu’il doit y rester des heures.


 la voiture, un moyen de déplacement, pas un lieu de vie !
(Photo Marie Perrin)


Le photographe britannique Martin Usborne s’est intéressé aux chiens laissés seuls dans des voitures. Ses clichés, d’une rare expressivité, ont été exposés du 19 mars au 27 avril à la Little Black Gallery de Londres sous le titre «The Silence of Dogs in Cars». Martin Usborne explique ainsi son travail : «J'ai été une fois laissé seul dans la voiture quand j'étais enfant (…), l'énorme peur que personne ne revienne, cette peur d'être seul, sans voix, est restée présente tout au long de mon enfance». Puis il évoque «le verre de la fenêtre de la voiture qui isole davantage l'animal. Le chien est vraiment pris au piège».

Pris au piège de manière mortelle, certains chiens le sont : chaque été entraîne son lot de victimes, abandonnées en plein soleil par des propriétaires inconscients. En quelques minutes, un véhicule se transforme en véritable four : le coup de chaleur, fatal, guette l’animal même en cas de courte absence. Ainsi, chaleur et déshydratation constituent, pour le chien, des ennemis redoutables : à nous d’y être vigilants, y compris dans les embouteillages ou en l’absence de climatisation.

La sécurité du chien en voiture

Il ne viendrait à l’idée de personne de ne pas attacher un enfant avant de prendre la route. Il fut un temps, pas si lointain, où ce n’était néanmoins pas la règle. Du côté des chats, la boîte de transport semble faire consensus. Peut-être parce qu’il est difficile d’empêcher un félin de vadrouiller pendant le trajet ou de sortir dès qu’une portière s’ouvre. Mais concernant les chiens, l’idée même de sécurité semble n’avoir pas encore fait complètement son chemin : combien de chiens ne voit-on pas sur les plages arrière, sur les sièges, voire sur les genoux d’un passager ? Quant à la cage, elle oppose farouchement les « pros » et les « antis ».

En 2008, l’ADAC, l’Automobile club allemand, a réalisé une série de crash test. Les résultats sont aussi terribles qu’éloquents. Un animal couché sur une plage arrière ou laissé libre dans l’habitacle voit son poids multiplié par 25 en cas de choc à 50 km/h. On imagine aisément les dégâts, aussi bien pour lui que pour les passagers qu’il percuterait. Deux équipements assurent une sécurité maximale : la grille (et non pas le filet) de séparation, par exemple placée entre le coffre et le reste de la voiture, et la cage de transport, installée dans le coffre ou, pour un petit chien (ou un chat), au sol derrière les sièges avant. Evidemment, la cage doit garantir un confort optimal au chien (et ne doit donc pas être trop exiguë).

Du côté de la loi, rien n’est vraiment explicite. Néanmoins, aussi bien en Belgique qu’en France ou en Suisse, il est stipulé que l’animal, comme tout chargement, ne doit pas gêner le conducteur. Ainsi, qui n’a pas pris toutes ses précautions est susceptible d’être verbalisé. Autant le savoir pour éviter désagréments et mauvaises surprises !

Marie Perrin




mercredi 24 avril 2013

Mon chien s'ennuie... que faire ?


Pris dans le tourbillon de nos vies survoltées, de nos emplois du temps surchargés, nous oublions souvent que nos chiens, eux, s’ennuient beaucoup. Leurs journées s’étirent, monotones, lentes et remplies d’attente. Certains toutous y remédient à leur manière, au grand dam de leurs propriétaires !


Une semaine ordinaire a plus l’allure d’un marathon que d’un long fleuve tranquille ! Chacun court, du matin au soir, du lundi au samedi, entre le travail, la corvée des courses, la gestion des enfants (si enfants il y a), les activités extraprofessionnelles. Au milieu de tout ça, un peu négligés il faut bien l’avouer, nos chiens nous attendent… se morfondent… Et lorsqu’ils ne sombrent pas dans l’apathie, il leur arrive de remédier tout seuls au vide de leur quotidien routinier. Leurs mille et une astuces, quoiqu’ingénieuses, ne suscitent pourtant pas l’admiration de leurs propriétaires, généralement plutôt irrités, agacés, ou désemparés.


L’ennui, source de nombreux troubles du comportement
 
Imaginatifs, nos amis à quatre pattes savent assurément l’être ! La liste est longue des dérivatifs que les chiens peuvent inventer pour s’apaiser, combler leur détresse, dépenser leur trop-plein d’énergie ou se créer des substituts d’interactions. Creuser un mur, gratter une porte, hurler à la mort, aboyer au moindre merle qui passe, déchiqueter le mobilier du salon, transformer en confettis chaussons et coussins : tout est préférable, pour l’animal qui s’ennuie, à ces longues plages forcées de solitude. Des nuisances sonores aux malpropretés, l’ennui génère, pour tout ou partie, de nombreux troubles du comportement.


Enrichir le milieu


Sachant cela, et sans pour autant renoncer à nos impératifs, comment aider nos chiens à mieux vivre ? Premièrement, en prenant conscience de la situation. Si nous admettons le mal-être de notre compagnon, nous faisons du même coup un pas vers lui, vers une prise en charge et une résolution de ses tourments. Or, pour égayer les journées de son chien, nul besoin de dépenser des fortunes, ni d’être un Einstein du bricolage ! L’on pourra par exemple disséminer des croquettes dans la maison ou l’appartement, les dissimuler judicieusement pour forcer l’animal à les chercher : il s’amusera, fera fonctionner sa truffe, sa mâchoire et son intellect, les heures passeront plus vite et il se fatiguera (donc piquera sans doute in fine un somme).


Lui donner une partie de sa ration de nourriture dans une balle prévue à ce effet, de type Kong par exemple, peut aussi constituer une agréable alternative, tout comme transformer une bouteille d’eau en distributeur improvisé, ou cacher des friandises dans un bac rempli de balles et d’objets divers. Il faudra bien sûr valider préalablement que Médor n’a pas la fâcheuse tendance d’ingérer les matières non comestibles. Enfin, en jackpot de la semaine, quoi de mieux qu’un bon gros os à moelle cherché chez le boucher ? - lequel os, de surcroît, fera office de brosse à dents naturelle !
 

Les chiens non aboyeurs pourront éventuellement bénéficier d’un libre accès à un balcon. Ainsi, ils participeront à leur manière à la vie du quartier, regardant, écoutant, reniflant. Certains petits futés n’ont d’ailleurs pas attendu l’autorisation de leurs maîtres pour s’installer sur les rebords de fenêtre afin d’observer tout ce qui se passe dans la rue ou chez les voisins ! L'on n'y pense enfin pas assez, mais certains professionnels se sont spécialisés dans la promenade de chiens : en cas d'absences répétées et prolongées, il est tout à fait possible de faire appel à leurs services. Médor verra autre chose que ses quatre murs et, s'il est sociable, il pourra peut-être même se balader en compagnie de congénères. L'idéal en somme !


Profiter l'un de l'autre



La qualité du temps passé ensemble compte, elle aussi. Faire de longues promenades matin et soir, partir randonner le week-end, jouer à la balle ou au frisbee, s’amuser à des jeux éducatifs canins : autant de manière de stimuler Médor tout en lui permettant de dépenser son énergie. Depuis les années 1990, la Suédoise Nina Ottosson élabore ainsi toute une gamme de jeux « intellectuels » pour chiens, disponibles dans certains magasins et sur certains sites spécialisés. Ils sont destiné à être partagés, le maître guidant son chien dans la résolution des problématiques.

Enfin, certains propriétaires, culpabilisés par le manque de temps octroyé à Médor, pourraient être tentés de lui « offrir» un copain de vie, espérant que ce second chien sera le sésame vers un mieux-être général. Evidemment, comme tout animal social qui se respecte, Médor trouvera sans doute un intérêt à ce compagnonnage canin. Mais cela seul ne suffira pas à combler le vide de ses journées. Et là, l’association de malfaiteurs guette ! Chacun entraînant l’autre et apprenant de l’autre, le copain de vie, devenu copain de galère, deviendra vite un merveilleux associé pour les bêtises !


Marie Perrin


mardi 16 avril 2013

Se promener avec son chien

La promenade de Médor : une activité quotidienne souvent peu investie par les propriétaires, qui ont tendance à ne l’envisager que sous son angle purement hygiénique, passant à côté d’une formidable occasion de cultiver et d’enrichir la relation.

«Allez, c’est l’heure de sortir !» A ces quelques mots, à la veste qu’on enfile, à la laisse dont on se saisit, Médor trépigne d’impatience. Sa joie est palpable, on dirait qu’il a attendu ce moment toute la journée ! Et pour cause ! Pour le chien, ces promenades journalières sont une nécessité éthologique : elles participent de son bien-être psychique et physique. Certes, il va pouvoir (enfin) se soulager, mais surtout, il va pouvoir flairer, renifler, marquer, gratter, peut-être même rencontrer des copains. Autant d’activités vitales pour Médor ! Particulièrement lorsqu’il n’a que ces quelques balades pour se divertir et se dégourdir les pattes.

Lors de l’acquisition de la propreté, il est vivement recommandé de ne pas rebrousser chemin sitôt que le chiot a fait ses besoins, sous peine qu’il apprenne à se retenir pour prolonger la balade le plus longtemps possible. C’est bien la preuve, s’il en était besoin, que les sorties, pour le chien, sont des affaires sérieuses, des moments de grande réjouissance et de vie intense, qui doivent être considérés comme tels par les maîtres.
 

Ceux-ci, malheureusement, s’en soucient souvent fort peu. Ainsi, combien de propriétaires croise-t-on, le téléphone portable vissé à l’oreille, absents de ces instants « ensemble », laissant leur chien vaquer seul à ses occupations, comme abandonné en bout de laisse ?



Les besoins spécifiques du chien
 
Lors de ses promenades, le chien va d’abord s’adonner à des activités de flairage et de marquage. Il va « lire » les nouvelles du quartier dans les dépôts laissés par ses congénères - « tiens, Lassie est en chaleurs » -, découvrir les mille et une modifications de son environnement - « un chat est passé par là, mais où allait-il ? » -, s’offrir même, de temps en temps, le luxe suprême, les naseaux palpitant au vent, de « goûter » l’air avec force clapotages de mâchoire. Qui n’a pas expérimenté cette incroyable sensation de pleine communion avec son animal quand, en hiver, dans la blancheur immaculée, sa truffe suit la trace odorante laissée par un petit mammifère, et que cette trace, par la magie de la neige, se matérialise sous nos yeux émerveillés ? Deux mondes sensoriels se rencontrent soudain...
 
 

Promener Médor va également lui permettre de dépenser son énergie. Un chien qui n’a pas son compte d’activités psychomotrices risque de développer de nombreux troubles du comportement. Selon son âge et sa race, les conséquences peuvent même être désastreuses ! Bien sûr, l’idéal, c’est de pouvoir laisser Médor se défouler librement, qu’il s’ébatte à son rythme et selon ses envies. La balade est aussi le moment rêvé pour des jeux et des interactions avec des congénères. On ne le répétera jamais assez : le chien est un animal social, qui a besoin de contacts (positifs) avec d’autres chiens. Enfin, l’on profitera de la promenade pour travailler le rappel, lancer une balle ou s’amuser autour de quelques ordres de base («assis, couché, debout»).
 
 
la promenade, un temps de partage et d’approfondissement de la relation
(Photo Marie Perrin)



Un temps pour être pleinement ensemble

Temps partagé, temps pour être ensemble, pour profiter l’un de l’autre, la promenade doit être réinvestie. Un chien qui a pu courir tout son soûl, vivre sa vie de canidé à hauteur de museau, le tout en compagnie de son maître, sera plus calme pour affronter sa journée de solitude. De la même manière, la promenade du soir lui permettra de décharger ses frustrations ou l’énergie accumulée, de se changer les idées en somme.

Le maître, lui aussi, y trouvera son compte, puisque peu à peu, la relation s’en trouvera enrichie. Varier les itinéraires, se fixer un but – aller se tremper les pieds et les coussinets dans le ruisseau non loin -, programmer des sorties avec d’autres propriétaires du quartier, autant de moyens de ne pas tomber dans la routine et d’éviter la lassitude.

Quid de la météo ?

Bien sûr, demeure l’épineux problème des conditions météo. Mais là encore, autant battre l’argument en brèche : il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais équipements, des deux côtés de la laisse ! Certains chiens n’aiment pas la pluie, et savent d’ailleurs très bien le faire comprendre. Mais avec un petit manteau adapté, ne verraient-ils pas cette humidité fâcheuse sous un autre jour ? Quant à la grande majorité des canidés, avouons qu’ils s’en fichent éperdument qu’il pleuve, qu’il neige ou que le vent du Nord souffle en rafales : leur pelage les protège de tout. Et à truffe et coeur vaillants, rien d’impossible !

Marie Perrin

dimanche 7 avril 2013

Mon chien, ce bavard...


Animal social, le chien possède un langage non verbal élaboré : de ses oreilles à sa queue, tout son corps porte signification, ses vocalisations, nombreuses et variées, venant en soutien de cette communication. Décrypter ce langage complexe permet de réagir de façon adéquate et adaptée, afin de mieux vivre ensemble.


Aboiements, grognements, hurlements, gémissements ou halètements sont autant de moyens de communiquer. Ils reflètent les états affectifs des chiens. Entre congénères ou avec nous, les chiens (nous) parlent d’émotions, de relations sociales, de besoins et de désirs. Les sonorités aiguës expriment généralement la peur, la douleur, mais aussi l’invitation au jeu, tandis que les sons graves sont plutôt du registre de la colère ou de la menace. Un auteur, Stanley Coren, a amplement analysé et illustré cette communication dans son ouvrage «Comment parler chien», publié chez Payot.




Toutes les nuances de la psyché canine


Car tous les aboiements ne se valent pas, non plus que les grognements ou les hurlements. Par certains, le chien signale sa présence, dit qu’il s’ennuie ou qu’il aimerait qu’on s’occupe de lui. Par d’autres, il indique qu’il vit un stress important, qu’il est impatient ou enthousiaste, peu sûr de lui ou, au contraire, prêt à en découdre. Les hurlements, eux, servent la plupart du temps à briser la solitude, mais ils peuvent aussi se faire l’expression du désespoir le plus abyssal.


Pourtant, pour le voisinage, rien de plus agaçant qu’un chien qui hurle ou aboie en l’absence de ses propriétaires. Excessif, du moins du point de vue de la société humaine, le chien bruyant suscite l’irritation et l’énervement. Mais si l’on se place du point de vue du chien, faisant l’effort d’essayer de le comprendre avant de le condamner, surgit une évidence : cet animal-là ne va pas bien, il souffre et n’arrive pas à calmer son anxiété. Après avoir isolé précisément les causes de ces nuisances sonores, il va falloir mettre en place des stratégies adaptées, comme un détachement ou une habituation à la solitude.


Certains chiens aboient en présence, et à destination de leurs maîtres : dans ce cas, point de souci de solitude, évidemment, mais bien plutôt une demande (jeux, attention, caresses), ou un refus de l’autorité. Ce dernier se rencontre plus fréquemment chez le jeune animal, pris dans les affres d’une adolescence impétueuse. «Non, je ne ferai pas ce que tu me demandes de faire», semble-t-il asséner avec arrogance. Comment réagir ? L’on pourra préconiser au maître d’insister, d’augmenter la motivation, voire même de veiller à poser un cadre de vie rassurant à l’animal. Et dans le cas d’intempestives requêtes, de cesser toute interaction avec le chien et d’ignorer ses aboiements.


Il semble également important de souligner que les nuisances sonores découlent parfois d’un environnement inadapté ou bruyant. De multiples stimulations (passages de personnes, de chiens, mouvements ou bruits incessants) ainsi que la présence de congénères aboyeurs peuvent entraîner une agitation globale de l’animal. Un manque d’activité, un besoin de se dépenser non comblé sont également susceptibles de conduire l’animal à vocaliser à outrance.


Une spécificité des canidés domestiques


Les canidés sauvages sont généralement très silencieux, tout comme les chiens marron (chiens domestiques revenus à la vie sauvage). Ils aboient peu, pour des raisons évidentes de sécurité. Grognements et hurlements servent à la cohésion du groupe, lorsque groupe il y a (ce qui n’est pas toujours le cas).


Ainsi, si les chiens nous « causent » autant, c’est sans doute par un phénomène mimétique : Médor aboie, hurle, gémit, soupire et bâille avec vigueur parce que nous, êtres humains, parlons beaucoup. Et parce que nous l’avons voulu. En effet, par la sélection, dans une optique utilitariste, l’homme a encouragé cette caractéristique. Les chiens de chasse, de garde ou les terriers sont très aboyeurs, à l’inverse de races plus primitives comme le husky ou le basenji.


Lorsqu’il va mal, lorsqu’il va bien ou tout simplement parce que c’est dans sa nature de s’exprimer avec force vocalises, le chien se fait entendre. Est-ce à dire qu’il se fait comprendre ? Certes non. Toute communication porte en elle le malentendu. Mais celui-ci devient maximal lorsqu’il met aux prises deux espèces différentes. Pourtant, la grande proximité et la longue cohabitation de l’homme et de son meilleur ami permettent une lisibilité parfois intuitive. Quelques clés supplémentaires peuvent optimiser ce bagage, pour une cohabitation plus fluide et plus paisible.


Marie Perrin





mardi 19 mars 2013

Les Sports canins (Chien magazine de mars 2013)


Faire du sport avec son chien


Envie de bouger avec votre chien ? De vous dépenser tout en vous amusant ? Du canicross au ski joëring, de nombreuses activités « nature » s’offrent à vous. Petit décryptage pour vous aider à faire votre choix...
 
 

Les différentes disciplines
Une petite dizaine de disciplines existent actuellement sur le « marché » des sports canins. Certaines sont anciennes, les autres beaucoup plus récentes. Toutes, ou presque, ont une version « loisir » et une version « compétition ». Canirando, canicross, bike ou ski joëring, trottinette, mushing : sous ces appellations « techniques » se cachent des sports tout-terrain ludiques, ouverts aux amateurs de grand air. Chacun optera pour celui qui convient à sa condition physique et à celle de son chien.

Le matériel

Il varie évidemment selon les disciplines. On retrouve néanmoins quelques dénominateurs communs : le chien, équipé d’un harnais adapté, est placé devant son conducteur, relié à lui par une longe élastique renforcée d’un amortisseur. Ainsi, le (ou les) chien(s) tracte(nt) l’être humain, lui permettant de gagner en vitesse ou de se déplacer quand les conditions météo rendent la plupart des excursions impossibles. Tous ces passe-temps, sans exception, vous permettront de vous évader, de vous aérer, de garder la forme et de renforcer le lien qui vous unit à votre compagnon.

Selon les saisons
 
En hiver.

Le mushing et le ski joëring
sont des disciplines hivernales, les plus anciennes, celles aussi dont découlent toutes les autres. Les mushers possèdent généralement des cheptels de chiens, souvent des nordiques, et considèrent l’attelage comme une véritable philosophie de vie. En revanche, pas besoin de meute pour s’adonner au ski joëring : un ou deux chiens suffisent. Dans les pays scandinaves, berceau du « skijo », il est d’usage depuis des millénaires de se déplacer à ski attelé à un cheval... ou à un chien, avatar plus récent mais tout aussi efficace.

Toute l’année.

Le canicross, lui, ne connaît pas les saisons. On peut ainsi le pratiquer quasiment toute l’année. Certaines compétitions sont d’ailleurs organisées en hiver en montagne, sur neige et sur verglas. Il en va de même pour le canirando*: peu importent les conditions météorologiques, si le tapis neigeux est trop abondant, les plus courageux chausseront leurs raquettes pour la balade.
Aux beaux jours.

Enfin, la trottinette, le bike joëring**, l’attelage hors neige (kart), voire le roller feront la joie des amoureux de plein air du printemps à l’automne. Il va de soi qu’avant de s’élancer sur les chemins et sentiers, on aura pris soin de se familiariser avec le véhicule choisi : on évitera ainsi le bike joëring si on ne se sent pas à l’aise sur un VTT... Car les vitesses atteintes par les sportifs grâce au chien sont parfois très impressionnantes, tout comme les éventuelles chutes !



Quel chien pour quelle discipline ?

Pour le canirando, n’importe quel chien, de n’importe quelle race, fait l’affaire ! Pas besoin de compétences spécifiques pour randonner le dimanche en famille et découvrir de nouveaux paysages. Une ceinture, une longe et un harnais, et en avant l’aventure !

Dans le monde du canicross, du ski joëring ou du bike joëring en revanche, les compétiteurs les plus acharnés privilégient les braques, parfois les setters, et certaines « races » créées spécifiquement pour le travail***, comme les greysters (croisements de braques et de lévriers greyhound) ou les alaskans (nés en Alsaka autour de critères de performance). Néanmoins, tous les chiens sont représentés sur les parcours ou dans les associations, du berger allemand au beagle, du petit bâtard au jack russell ou à l’american staffordshire.

Les mushers, eux, optent traditionnellement pour des races nordiques, huskies, malamutes, samoyèdes ou groenlandais, même si les braques, les greysters, et surtout les alaskans les remplacent avantageusement en attelage. Bien que l’alaskan soit  actuellement très fréquent dans les compétitions d’attelage à travers le monde, certaines fédérations exigent encore de leurs membres qu’ils optent pour une des quatre races nordiques reconnues par la Fédération cynologique internationale (FCI)****.

La santé du chien sportif

Quel que soit votre chien, et quelle que soit la discipline qui vous intéresse, un bilan vétérinaire préalable s’impose - cœur, poumons, hanches, coudes doivent notamment être contrôlés. Certaines morphologies canines étant moins adaptées que d’autres aux efforts soutenus, on veillera à respecter les aptitudes physiologiques de son compagnon à quatre pattes. On conseille également d’attendre que le chien ait fini sa croissance avant de l’atteler, ce qui n’empêche pas de lui apprendre les ordres de base au cours des promenades (droite, gauche, stop, etc). Et pour sortir en compétition, il devra être âgé au minimum de 12 mois voire, selon la discipline, de 18 mois.

En période d’entraînement et de compétition, une nourriture adaptée est recommandée, ainsi que des soins spécifiques comme l’entretien des coussinets. On veillera aussi à la bonne hydratation du chien avant, durant et après l’effort et on évitera de partir courir ou pédaler lorsque les températures sont trop élevées*****. Tous ces conseils sont bien évidemment valables pour un simple « loisir » de week-end. Car n’oublions pas que « qui veut voyager loin ménage sa monture »******.

Marie Perrin
 

Zoom sur l’Alaska


L’Iditarod Trail Sled Dog Race, mythique course hivernale, met chaque année depuis 1973 l’Alaska sous les feux de la rampe. Les attelages parcourent le territoire d’ouest en est sur 1800 kilomètres, reliant Anchorage à Nome en 8 ou 9 jours pour les plus performants. L’attelage en Alaska a une longue tradition : les aventuriers de la ruée vers l’or, les explorateurs et les mineurs du XIXe siècle utilisaient déjà des chiens pour leurs déplacements. 

Le plus grand Etat américain

Terre rugueuse et démesurée au climat rigoureux, l’Alaska fascine les êtres épris de solitude et de grands espaces vierges. Cet Etat américain, le plus étendu, bordé par l’océan Arctique au nord et la mer de Béring et l’océan Pacifique au sud, était jadis peuplé d’Inuits, d’Amérindiens et d’Aléoutes, mais le mode de vie traditionnel des autochtones a, ici comme ailleurs, été profondément bouleversé.

Une flore et une faune remarquables

L’Alaska abrite les plus grands parcs nationaux américains : montagnes, toundra, forêt tempérée humide, forêt boréale ou taïga se succèdent. Autant de paysages grandioses, faits de fjords, de volcans (en activité), de glaciers et de lacs, refuges d’une faune riche et variée. Ours blancs, grizzlys, élans, wapitis, phoques et saumons attirent ainsi nombre de touristes, en quête d’aventure et de sensations fortes.

Histoire et légendes

Découvrir l’Alaska, c’est aussi tourner les pages d’un livre d’histoire ou d’un récit de Jack London, entendre résonner le fracas de la ruée vers l’or du Klondike ou les charivaris des baleiniers britanniques et russes, se sentir devenir trappeur lorsque soudain, brisant le silence de la nuit polaire, s’élève le hurlement d’une meute de loups. C’est mettre ses pas dans ceux de Nicolas Vanier et rêver de se perdre dans l’immensité d’« Into the Wild ».



* A souligner : il n’existe pas de compétition de canirando. Cette discipline n’existe que sous sa forme « loisir ».
** Certaines personnes remplacent les skis par des patinettes (ou snowbles), qui sont des skis de petites tailles.
*** Ces « races » ne sont pas reconnues par la Fédération cynologique internationale et la sélection ne s’effectue pas sur des caractéristiques morphologiques mais sur l’aptitude au travail. Il n’y a donc pas de standard pour ces races, seules importent les capacités de travail, de vitesse et d’endurance.
**** Ainsi, en France, la Fédération française de pulka et traîneau à chiens – FFPTC.
***** Toutes les fédérations n’ont pas la même température de référence. Pour simplifier, on peut dire qu’au-delà de 20°Celsius, mieux vaut remettre la sortie à plus tard.
****** Jean Racine, in Les Plaideurs
Crédit photos : Marie Perrin et Empreinte 67

vendredi 15 mars 2013

Le chien-loup de Saarloos (Chien magazine de mars 2013)

A la croisée du chien et du loup : le Saarloos


Le chien-loup de Saarloos, race née aux Pays-Bas au XXe siècle, envoûte et fascine : son physique et ses attitudes de loup en font un chien à part, un primitif à fort tempérament qui s’apprivoise avec patience et s’éduque avec doigté*.

 
(Photo : Sandra Rémy Massoubre)
Il était une fois... le projet de Leendert Saarloos

Le chien-loup de Saarloos a vu le jour au XXe siècle, projet d’un Néerlandais, Leendert Saarloos, qui rêvait de créer une race de travail performante, particulièrement apte à servir l’être humain. Les premières hybridations entre un berger allemand, Gérard, et une louve de Russie, Fleur, datent des années 30. Son « chien-loup européen »,qu’il destinait par exemple au travail auprès des aveugles, fut reconnu par le Kennel Club hollandais en 1975, six ans après sa mort, et nommée en son hommage« chien-loup de Saarloos »**.

Ceux qui ont perpétué son oeuvre ont privilégié l’aspect lupoïde, délaissant le versant « travail », et peu à peu, les gènes de l’ancêtre Gérard se sont perdus dans les limbes de la sélection. Il en résulte, aujourd’hui, un chien rustique et résistant, physiquement et psychiquement très proche du loup, une race confidentielle réservée à quelques amateurs triés sur le volet, capables d’en appréhender toutes les spécificités.

Paroles de maîtres

« Il est mon autre », dit Fleur de son chien-loup. Comme elle, bien des maîtres forment avec ce frère de vie, ce compagnon spirituel un couple fusionnel, passionnel, quasiment originel. Eclat de loup dans des vies urbaines bien policées, l’expérience du Saarloos est un bouleversement qui bouscule toutes les certitudes : il y a un avant, et un après le Saarloos. « Ils nous font constamment nous remettre en question, nous font avancer vers le meilleur de nous-même », témoigne Sébastien, propriétaire de trois Saarloos, propos auxquels répond en écho une éleveuse française, Estelle : « Le propre du Saarloos ? La remise en question quasi permanente de soi-même ».


Les particularités du chien-loup de Saarloos


Le Saarloos tient parfois plus du félin que du canidé. Insoumis et têtu, il n’obéit que de sa propre volonté. Ce qui n’empêche pas certains propriétaires persévérants de pratiquer du canicross, de l’agility, de l’obédience, voire de les emmener comme chiens visiteurs dans les maisons de retraite. Mais cela n’est clairement pas la règle, bien plutôt l’exception.

Du loup, le Saarloos a hérité la réserve, la méfiance et l’instinct de fuite. Son besoin de contacts avec d’autres chiens est exacerbé : il ne s’épanouit pleinement qu’aux côtés de congénères et maîtrise à la perfection les arcanes du langage canin. Tout, chez lui, concourt à une communication optimale, de ses oreilles naturellement bien droites à sa queue et son museau longs.

Pour cette raison, la plupart des éleveurs exigent de leurs futurs adoptants qu’ils aient déjà au moins un chien, préférablement de sexe opposé. En effet, comme dans d’autres races primitives, la cohabitation de chiens du même sexe et sensiblement du même âge peut s’avérer conflictuelle, et chez les femelles, elle peut même tourner au bain de sang.

Du côté du comportement...

Sans verser dans les poncifs, et en rappelant que chaque individu, chaque lignée, chaque élevage sont différents, on peut lister quelques grands traits comportementaux comme l’émotivité, l’anxiété (laquelle peut être source de phobies), la tendance marquée à la destruction, un possible hyper-attachement et une grande difficulté à tolérer la solitude (avec les troubles et désagréments qui en découlent). Certains Saarloos sont particulièrement mordilleurs, d’autres apprécient de marquer leur environnement. Rétifs à la contrainte, souvent peu adaptables, ils sont surpris, voire effrayés par la nouveauté, et semblent se plaire dans une routine sécurisante. Silencieux, peu aboyeurs, ils laissent en revanche, tels des loups, s’élever leur chant dans l’opacité de la nuit.

Enfin, avec eux, rien n’est acquis a priori, tout se gagne : l’apprivoisement est parfois une étape nécessaire dans la relation à son chiot, à plus fort titre en cas d’adoption d’un adulte. De cette caractéristique découle ce qui peut s’apparenter à un casse-tête : comment les faire garder pendant les congés ? Certains ont résolu la question en ne partant jamais en vacances, d’autres en les transformant en Saarloos voyageurs.

Quelle vie et quelle éducation pour le Saarloos ?

Les éleveurs s’accordent généralement pour dire qu’un chien-loup de Saarloos est mieux à la campagne qu’à la ville, en maison qu’en appartement, avec un autre (grand) chien qu’avec un chat. Et que les poules ou les chèvres peuvent fort bien se retrouver au menu de ce prédateur-né, qui sait parfaitement comment survivre en pleine nature. En cas de défaut de socialisation, cette prédation peut d’ailleurs s’exercer sur des congénères de petites tailles.

Une éducation en douceur, reposant sur les méthodes positives et faisant appel à l’esprit d’initiative du chien, est l’unique moyen de gagner la confiance, l’affection et l’obéissance de son Saarloos. Une intense familiarisation, un détachement progressif et un apprentissage de la solitude sont par ailleurs des étapes nécessaires pour qui souhaite pouvoir emmener son compagnon partout, et s’absenter sans retrouver systématiquement son intérieur refait à neuf.

Marie Perrin
 


Néanmoins, le chien-loup de Saarloos n’est pas un primitif selon la classification de la FCI : il entre dans le groupe 1, celui des chiens de berger.
La Fédération cynologique internationale (FCI) a reconnu la race en 1981.