Dans
un précédent article, je vous avais parlé de l’attachement,ce lien vital. Mais l’attachement, s’il est premier, primordial, doit
impérativement s’accompagner ensuite d’un détachement. Gage de l’autonomie du chien adulte, cette
étape, initiée par la mère, doit être poursuivie par les propriétaires. L’hyper-attachement
est en effet l’une des causes principales des troubles du comportement chez le
chien. Or, contrairement à ce que l’on peut penser, se détacher ne signifie pas
aimer moins, mais aimer mieux, en permettant
à l’animal de vivre sereinement.
Une
petite boule de poils vient de faire son entrée dans votre vie, chavirant votre
cœur. Elle vous suit partout, se love dans vos bras, se niche au creux de votre
épaule sur le canapé. En soi, rien que de très normal. Néanmoins, rapidement,
il va falloir mettre en place quelques règles fort simples, qui permettront à
votre animal de grandir psychiquement, jusqu’à devenir un chien adulte équilibré.
L’attachement
étant, comme nous l’avons déjà vu, un lien vital, je conseille (mais c’est mon
opinion), de garder le tout petit chiot près de soi la nuit, dans la chambre.
Il vient juste de quitter sa fratrie, sa maman, il est désorienté. Le chien, ne
l’oublions pas, est un animal social, qui souffre fortement de la solitude. Il
n’est donc pas aberrant de l’installer à côté du lit les premiers temps - cela
permettra aussi de gérer les éliminations nocturnes, et favorisera l’apprentissage
de la propreté.
Peu
à peu, les semaines passant, on l’éloignera du lit puis on lui attribuera une
place, soit dans un coin de la chambre, soit en dehors de la chambre, dans une
pièce dédiée. Et l’on s’attachera à pratiquer ce détachement qui manque si souvent
à nos chiens de compagnie, collés-serrés à leurs propriétaires, exigeants,
capricieux même parfois, et puis soudain laissés de longues heures dans leur
solitude comme si elle allait de soi, comme si elle n’était pas, pour cet
animal hyper-attaché, une souffrance effroyable. Ce chien-là n’aura pas d’autre
solution, pour soulager sa détresse, que de s’adonner à des activités de
substitution – pleurer, hurler, aboyer, gratter les portes, détruire le
mobilier, se lécher compulsivement les pattes, uriner et déféquer dans
l’habitation.
Le
détachement en quelques points
Le
détachement est en fait assez simple à mettre en œuvre, et très logique. Il
suffit de rester à l’initiative des moments-clés de la vie du chiot (ou du
chien). C’est ainsi au maître de proposer les caresses, les jeux, les
interactions, les déplacements, les promenades. Il convient de prendre
rapidement l’habitude d’appeler le chiot à soi pour le câliner, de décider des
moments de jeux, en ayant des jouets dédiés à ces interactions privilégiées
(jouets que l’on range ensuite). Certains propriétaires apprécient d’avoir leur
chien à côté d’eux sur le canapé. En l’absence de pathologie comportementale,
je n’y vois aucun inconvénient, mais préconise de procéder comme suit : ce
n’est pas au chien (chiot) de décider de lui-même de venir sur le canapé, il
doit y grimper en ayant préalablement été invité à le faire, et doit en
descendre sur ordre, sans rechigner.
Autre étape du détachement : interdire certaines pièces à l’animal
et, plus important, qu’il ne suive pas ses maîtres partout, tout le temps. En
pratique, on lui demandera par exemple de rester tranquillement dans son panier
ou à sa place pendant que l’on se déplacera dans une pièce, ou que l’on
préparera le repas. L’animal aura préalablement été défoulé puis gratifié,
éventuellement, d’un os ou d’un jouet d’occupation - un kong ou un jouet à
mâchonner non destructible, ce qui l’occupera, le fatiguera et le bercera. Un parc
à chiots ou une porte ajourée peuvent s’avérer de précieuses aides dans cet
apprentissage.
on apprendra progressivement au chien à rester à sa place - panier, tapis ou couverture
(Photo Marie Perrin)
(Photo Marie Perrin)
Evidemment,
il faut y aller progressivement. Au départ, on reste à vue puis, peu à peu, on
s’éloigne et on se soustrait au regard du chiot (chien), puis on passe dans une
autre pièce, et ainsi de suite. Et l’on ne régit pas, ni ne revient, tant que
le chiot – ou le chien - vocalise ou gémit. Il faut garder à l’esprit qu’un
apprentissage sain et durable passe par la récompense des bons comportements et
l’ignorance des attitudes non désirées. Ainsi, le chien est guidé pas à pas vers
la maturité, et vers une existence en société humaine harmonieuse et paisible.
Marie Perrin