lundi 16 décembre 2013

Le détachement, ou l’apprentissage de l’autonomie


Dans un précédent article, je vous avais parlé de l’attachement,ce lien vital. Mais l’attachement, s’il est premier, primordial, doit impérativement s’accompagner ensuite d’un détachement.  Gage de l’autonomie du chien adulte, cette étape, initiée par la mère, doit être poursuivie par les propriétaires. L’hyper-attachement est en effet l’une des causes principales des troubles du comportement chez le chien. Or, contrairement à ce que l’on peut penser, se détacher ne signifie pas aimer moins, mais aimer mieux, en permettant à l’animal de vivre sereinement.
Une petite boule de poils vient de faire son entrée dans votre vie, chavirant votre cœur. Elle vous suit partout, se love dans vos bras, se niche au creux de votre épaule sur le canapé. En soi, rien que de très normal. Néanmoins, rapidement, il va falloir mettre en place quelques règles fort simples, qui permettront à votre animal de grandir psychiquement, jusqu’à devenir un chien adulte équilibré.
L’attachement étant, comme nous l’avons déjà vu, un lien vital, je conseille (mais c’est mon opinion), de garder le tout petit chiot près de soi la nuit, dans la chambre. Il vient juste de quitter sa fratrie, sa maman, il est désorienté. Le chien, ne l’oublions pas, est un animal social, qui souffre fortement de la solitude. Il n’est donc pas aberrant de l’installer à côté du lit les premiers temps - cela permettra aussi de gérer les éliminations nocturnes, et favorisera l’apprentissage de la propreté.
Peu à peu, les semaines passant, on l’éloignera du lit puis on lui attribuera une place, soit dans un coin de la chambre, soit en dehors de la chambre, dans une pièce dédiée. Et l’on s’attachera à pratiquer ce détachement qui manque si souvent à nos chiens de compagnie, collés-serrés à leurs propriétaires, exigeants, capricieux même parfois, et puis soudain laissés de longues heures dans leur solitude comme si elle allait de soi, comme si elle n’était pas, pour cet animal hyper-attaché, une souffrance effroyable. Ce chien-là n’aura pas d’autre solution, pour soulager sa détresse, que de s’adonner à des activités de substitution – pleurer, hurler, aboyer, gratter les portes, détruire le mobilier, se lécher compulsivement les pattes, uriner et déféquer dans l’habitation.
Le détachement en quelques points
Le détachement est en fait assez simple à mettre en œuvre, et très logique. Il suffit de rester à l’initiative des moments-clés de la vie du chiot (ou du chien). C’est ainsi au maître de proposer les caresses, les jeux, les interactions, les déplacements, les promenades. Il convient de prendre rapidement l’habitude d’appeler le chiot à soi pour le câliner, de décider des moments de jeux, en ayant des jouets dédiés à ces interactions privilégiées (jouets que l’on range ensuite). Certains propriétaires apprécient d’avoir leur chien à côté d’eux sur le canapé. En l’absence de pathologie comportementale, je n’y vois aucun inconvénient, mais préconise de procéder comme suit : ce n’est pas au chien (chiot) de décider de lui-même de venir sur le canapé, il doit y grimper en ayant préalablement été invité à le faire, et doit en descendre sur ordre, sans rechigner.
Autre étape du détachement : interdire certaines pièces à l’animal et, plus important, qu’il ne suive pas ses maîtres partout, tout le temps. En pratique, on lui demandera par exemple de rester tranquillement dans son panier ou à sa place pendant que l’on se déplacera dans une pièce, ou que l’on préparera le repas. L’animal aura préalablement été défoulé puis gratifié, éventuellement, d’un os ou d’un jouet d’occupation - un kong ou un jouet à mâchonner non destructible, ce qui l’occupera, le fatiguera et le bercera. Un parc à chiots ou une porte ajourée peuvent s’avérer de précieuses aides dans cet apprentissage.
 
 
on apprendra progressivement au chien à rester à sa place - panier, tapis ou couverture
(Photo Marie Perrin)
 
Evidemment, il faut y aller progressivement. Au départ, on reste à vue puis, peu à peu, on s’éloigne et on se soustrait au regard du chiot (chien), puis on passe dans une autre pièce, et ainsi de suite. Et l’on ne régit pas, ni ne revient, tant que le chiot – ou le chien - vocalise ou gémit. Il faut garder à l’esprit qu’un apprentissage sain et durable passe par la récompense des bons comportements et l’ignorance des attitudes non désirées. Ainsi, le chien est guidé pas à pas vers la maturité, et vers une existence en société humaine harmonieuse et paisible.
Marie Perrin